Chaosophe
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Posté le: Mer 23 Juin, 2010 20:16 Sujet du message: Plaisir et déplaisir |
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Un passage étonnant du Canon (SN 12 : 25) affirme que le plaisir et le déplaisirs ne proviennent pas seulement du contact, mais aussi des intentions (sañcetanâ) et de l'ignorance.
Citation: | « Lorsqu’il y a le corps... la parole... l’esprit, à cause de l’intention (sañcetanâ) corporelle... verbale... mentale, plaisir et douleur apparaissent intérieurement – et avec l’ignorance pour condition [...] Mais par la disparition sans reste et la cessation de l’ignorance, ce corps... cette parole... cet esprit n’existent pas conditionnés par lesquels ce plaisir et cette douleur apparaissent intérieurement" | .
Autrement dit, lorsque l’ignorance est abandonnée, l’individu demeure encore parfaitement capable d’agir, sans pourtant que ses actions s’accompagnent de plaisir et de douleur : car elles ne résultent plus d’intentions antérieures, mais sont purement fonctionnelles (kiriyamatta). Le Bouddha déclare que, dans ce cas, plaisir et déplaisir n'ont plus de cause et de condition, de support et de lieu de croissance. C'est ce que confirme le commentaire :
Citation: | « Un arahant agit, parle, et pense", mais "son corps, sa parole et son esprit n'existent pas, au sens où ils ne génèrent pas de résultats kammiques. Car les actions accomplies par un arahant ne sont ni du kamma sain ni du kamma malsain, mais seulement fonctionnelles (kririyamatta) ».
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Pourtant le Bouddha ne cesse de parler des joies de "la vie excellente", et il avouait qu'il expérimentait parfois des sensations douloureuses (en cas de blessures ou de maladie par exemple) ! Donc de tout cela, il faut retenir que le plaisir et le déplaisir sont des constructions psychiques (ils sont nourris par la pensée), mais lorsqu'ils disparaissent, avec l'Eveil, d'autres perceptions prennent leur place, comme la joie et la passion supérieures. L'existence quotidienne, et la voie elle-même, contiennent des plaisirs et des joies, ainsi que du déplaisir et de la souffrance ; mais avec l'Eveil, les sentiments se transforment en passion, c'est-à-dire en affects plus élevés, plus subtils et plus durables. Et d'ailleurs, qui choisirait la sagesse, si elle ne s'accompagnait de joie ? |
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