Chaosophe
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 Posté le: Dim 20 Juin, 2010 22:05 Sujet du message: La Comparaison des Animaux |
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Dans "La Comparaison des six animaux" (SN 35 : 247), le Bouddha explique ce que sont "le contrôle (saṃvaro) et le non contrôle (asaṃvaro)". Voici ce qu'est l'absence de contrôle :
| Citation: | | « Ici, ayant vu un [des objets des sens] par [un des organes des sens], un moine est absorbé par [cet objet] plaisant et repoussé par [cet objet] déplaisant. Il demeure sans avoir établi l’attention sur le corps, avec un esprit limité, et ne comprend pas telle qu’elle est réellement la libération de l’esprit, la libération par la sagesse, dans laquelle ces états mauvais et malsains cessent sans reste ». |
Ce moine est comme un homme qui attraperait six animaux d’espèces différentes et les lierait à une corde solide : se nourrissant en des endroits différents, ces animaux pousseraient chacun dans la direction de leur environnement particulier (le crocodile irait dans l’eau, l’oiseau dans le ciel, le singe dans la forêt, etc.).
| Citation: | | « Lorsque ces six animaux deviendraient épuisés et fatigués, ils seraient dominés par celui qui parmi eux serait le plus fort ; ils se soumettraient à lui et tomberaient sous son contrôle. De la même manière, moines, lorsqu’un moine n’a pas développé et cultivé l’attention dirigée vers le corps, l’œil attire vers la direction des formes agréables et les formes désagréables sont repoussantes » (idem pour les 5 autres sens). |
Tandis que le moine pourvu de "contrôle", et qui a « un esprit sans limite », est comme un homme qui attacherait les animaux à un solide poteau, c'est-à-dire établirait "l’attention dirigée vers le corps", en sorte que, lorsque les animaux seraient fatigués, "ils resteraient près de ce poteau ou pilier, ils s’assiéraient là, ils s’allongeraient là ». L’attention au corps fait que l’organe des sens n’attire pas la conscience vers les objets sensoriels agréables et que les objets sensoriels désagréables ne sont pas repoussants.
C'est pourquoi on devrait s'entrainer ainsi :
| Citation: | | "Nous développerons et cultiverons l’attention dirigée vers le corps, en ferons notre véhicule, en ferons notre base, la stabiliserons, nous exercerons en cela, et la perfectionnement pleinement ». |
Toute la différence est donc entre la corde et le poteau, entre le lien lâche et le lien solide, entre l'inattention et l'attention. Lorsque l'on manque d'attention au corps, les organes sont attirés ou repoussés par leurs objets, c'est-à-dire sont conditionnés par eux. Dans ce cas, le corps est en état d'anarchie (la lutte entre les animaux), puis en état de tyrannie (l'objet le plus attirant ou le plus repoussant domine sur le reste). Le "non-contrôle" n'est donc pas l'absence totale de contrôle : c'est le contrôle que prend un sentiment de plaisir ou de déplaisir extrême sur tous les autres sentiments semblables.
Au contraire, être attentif au corps fait que la sensation n'est plus source d'attirance ou de répulsion. Dans ce cas, il y a contrôle, non plus au sens où un sentiment dominerait les autres, mais au sens où tous les sentiments se soumettent spontanément à la vigilance, à la surveillance de l'attention. La vigilance n'introduit pas l'ordre de force au sein du corps : elle se contente de laisser le corps "se calmer" et s'apaiser sous son regard. Le Bouddha conseille l'attention au corps, aux sensations et aux fonctions biologiques les plus ordinaires, même celles qui semblent indignes d'intérêt, et cela non pas pour développer la "maitrise de soi", au sens de discipline volontaire et violente, mais pour développer le "contrôle", au sens d'apaisement naturel de l'agitation du corps, et d'ordre intérieur spontané. |
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