Forum Mettâ Index du Forum Forum Mettâ
Bouddhisme originel
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Le bouddhisme est-il un idéalisme ?
Aller à la page 1, 2  Suivante
 
Ce forum est verrouillé; vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé; vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Forum Mettâ Index du Forum -> Parole & écoute
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Chaosophe



Inscrit le: 13 Avr 2008
Messages: 125

MessagePosté le: Sam 24 Mai, 2008 12:53    Sujet du message: Le bouddhisme est-il un idéalisme ? Répondre en citant

eee

Dernière édition par Chaosophe le Mer 18 Juil, 2012 3:05; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
viriya
Web


Inscrit le: 27 Juil 2006
Messages: 601
Localisation: idf

MessagePosté le: Sam 24 Mai, 2008 19:05    Sujet du message: Re: Le bouddhisme est-il un idéalisme ? Répondre en citant

Chaosophe a écrit:
Je me permets de poster ici une question qui me travaille, mais qui me parait engager des aspects essentiels de la doctrine. A ceux qui auront donc la patience de réfléchir à cet égard, je demande : le bouddhisme est-il un idéalisme ??
Evidemment, j'ai conscience que le terme "idéalisme" est particulièrement plurivoque, mais je demande ici, en somme : quelle réalité a le monde inorganique et atomiquement constitué d'un point de vue bouddhiste ? Le problème est en effet qu'il y a bien, me semble-t-il, un monde matériel extérieur à l'esprit, mais jusqu'à quel point est-il l'oeuvre de l'esprit ? Le premier vers du Dhammapada dit que la pensée précède les choses, lesquelles en proviendrait. Et l'on sait que rupa fait partie des 12 causes, et qu'en tant que telle, la matière provient en définitive de l'ignorance. Mais peut-etre que le "corps" dont il s'agit dans l'énoncé des 12 causes n'est-il que le corps de l'homme, ce que j'ai du mal à croire. Comment comprendre pourtant que la matière vienne de l'ignorance ? Ma question est donc en définitive de savoir si la matière elle-même est le fruit de tanha. Si tel est bien le cas, le monde inorganique répond à une logique pour ainsi dire pulsionnelle, cela me paraitrait une thèse particulièrement forte et déconcertante.
Merci à ceux qui voudrons bien m'aider à comprendre ces points, qui n'engagent rien de moins que la réalité même de ce que nous tenons pour
le monde matériel.


bonjour chaosophe,
voici quelques points de vue personnels,


"le bouddhisme est-il un idéalisme ??"
le bouddhisme n'est pas un idéalisme.
Ehi passiko : venir (étudier le Dhamma), pratiquer, et voir le Dhamma.


quelle réalité a le monde inorganique et atomiquement constitué d'un point de vue bouddhiste ?
c'est la réalité d'un monde changeant impermanent et dépourvu de soi.

Le premier vers du Dhammapada dit que la pensée précède les choses, lesquelles en proviendrait
en fait ce premier verset insiste sur la Vigilance, l'Attention à surveiller la porte du mental car de là découlent nos actes (Kamma).

Et l'on sait que rupa fait partie des 12 causes, et qu'en tant que telle, la matière provient en définitive de l'ignorance. Mais peut-etre que le "corps" dont il s'agit dans l'énoncé des 12 causes n'est-il que le corps de l'homme, ce que j'ai du mal à croire. Comment comprendre pourtant que la matière vienne de l'ignorance ? Ma question est donc en définitive de savoir si la matière elle-même est le fruit de tanha.
Vous avez une lecture basée sur les mots en leur appliquant la formule a=b , si b=c alors a=c ! mais le Dhamma est une manière de vivre dans sa totalité de l'être, ça englobe tout et les mots ne sont qu'une convention et une facette de la vie.

Et donc, non, rupa seul ne fait pas partie des 12 causes comme vous dites, mais "nama-rupa". C'est à dire l'être dans son entier.
"rupa" est traduit par défaut et d'une manière restrictive par "matière", parce qu'il n'y a pas d'équivalent. D'autres endroits, on le traduit par "forme". Le sens de rupa est beaucoup plus large que la "matière" ou la "forme".

Le fruit de Tanha est l' Attachement à "nama-rupa" ou ces 5 agrégats d'appropriation (1ère Noble Vérité).

Toute la doctrine du Bouddha est destinée à des "êtres ..." et ne concerne que Dukkha, Origine de Dukkha, Cessation de Dukkha, et le Chemin menant à la cessation de Dukkha.
Je suggère que vous approfondissiez les différents aspects de Dukkha, l' Origine de Dukkha et son chemin menant à sa cessation pour pouvoir imprégner le sens de l'enseignement du Bouddha.

Bonne quête Wink

_________________
avec metta
viriya
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
thanatos
Web


Inscrit le: 06 Aoû 2006
Messages: 138

MessagePosté le: Sam 24 Mai, 2008 19:06    Sujet du message: Répondre en citant

ouaaah, on dirait un sujet d'examen de philo Laughing

personnellement, je dirait que non, le bouddhisme n'est pas un idéalisme. Selon l'abhidhamma, le monde des formes matérielles et subtiles, rupa, est une des 4 vérités ultimes (paramita) au même titre que la pensée (nama). Je ne perçois aucune prédominance de l'un sur l'autre.

Citation:

Le premier vers du Dhammapada dit que la pensée précède les choses, lesquelles en proviendrait.


dans la traduction que j'ai, il est dit que la pensée préside les choses, ce qui n'est pas pareil. Je le comprend comme signifiant: les choses ne sont pas source d'insatisfaction ou de satisfaction en elles-mêmes. Ce sont les pensées, les constructions mentales, les intentions qui déterminent si une chose, un acte, sera source de mérites ou de démérites. Mais cela ne remet pas en question l'existence de cette matière/rupa.

Il faut en outre prendre avec prudence le terme de "choses". Le terme pali exact utilisé dans cette strophe est "dhamma", qui a un sens beaucoup plus large que les choses matérielles. Il désigne en fait la nature de toute chose, matérielle, subtile, immatérielle, y compris la conscience et l'esprit. C'est la réalité dans son ensemble.

avec metta
_________________
buddham saranam gacchami dhammam saranam gacchami sangham saranam gacchami
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Chaosophe



Inscrit le: 13 Avr 2008
Messages: 125

MessagePosté le: Dim 25 Mai, 2008 14:29    Sujet du message: Répondre en citant

Je voudrais remercier ceux qui ont tenté, et ont parfaitement réussi, à m'aider. Je retiendrai donc que le bouddhisme est un réalisme, au sens où les phénomènes physiques, comme le rappel à juste titre Thanatos, sont une réalité ultime. Peut être que le Bouddha lui-même, hypothèse astucieuse, ne s'est jamais prononcé sur la question de savoir si le flux d'actes qui compose le monde dit "matériel" est lié à la connaissance et au désir, ou non. Il est parfaitement essentiel pour un bouddhiste de connaitre la nature de la réalité, mais la question ne se pose pas, en un sens, de savoir si les dhamma sont des atomes d'expériences et des points-instants de la réalité, ou de simples données sensorielles et mentales.

Mais comme les réponses qui m'ont été données me font me poser de nouvelles questions, je me demandais si certains seraient prêts à rendre compte du fait que c'est pourtant bien le désir (tanha) qui créer le premier agrégat d'attachement (rûpa). Or celui-ci contient les objets matériels et mondains correspondants aux organes des sens (formes visibles, odeurs, etc. et même les idées et les conceptions, comme le rappel Walpola Rahula, dans L'Enseignement du Bouddha). Evidemment, j'ai conscience que le désir ne créer pas les agrégats, mais seulement la douleur, c'est à dire les agrégats d'attachement. En ce sens, en créant le premier agrégat, le désir ne créer pas tant la matière elle-même que les organismes vivants, en tant que la volonté d'appropriation et de devenir les conditionne. A la différence de la matière pure, donc, le désir peut prendre fin : rûpa est sans doute impermanent, mais au sens où il nait et meurt sans cesse, et ainsi continue de se manifester quand bien même il n'y aurait plus aucun désir dans l'univers. Il faudrait donc peut-être tenir la matière comme un ensemble de tendances ou d'énergies constructrices et causales (samkhâra) qui ne sont pas conditionnée par l'esprit ou la connaissance, et qui ne répondent pas à la logique du désir et des pulsions, mais seulement à la logique de la causalité (quoiqu'il s'agisse d'une causalité dynamique entre flux d'actes, et non pas mécanique ou statique entre "choses").

Puis-je cependant me permettre d'émettre une interrogation, qui concerne tanha ? Quoique peut être cela devrait faire l'objet d'un nouveau post, et que je compte bien lire sur le site ce qui peut concerner le sujet, je me demande si tanha, que je nommerai pour l'instant simplement la volonté ou le désir, ne revêt qu'une forme maladive, celle de l'inassouvissement, du manque douloureux qui entrainent des actes aux effets négatifs ; ou si le désir peut être aussi un moteur sur la voie de la libération. De fait, on peux multiplier les textes qui abondent dans le sens d'une libération du désir par le désir (« C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée », AN 4.199, Tanha Sutta). Ne doit-on pas supposer que, d'une façon ou d'une autre, le désir, l'effort, la volonté, l'énergie et les tendances profondes qui animent le moine et lui ouvrent l'accès à la libération procèdent d'une forme différente de tanha que celle qui propulse les êtres dans un devenir douloureux ? La soif et la volonté d'appropriation seraient en un sens synonyme de puissance, et en un autre synonyme de décadence, selon sans doute l'intention qui oriente et élabore le devenir. La question est alors de savoir ce qui caractérise le mieux tanha en général, ce qui définit la force à l'origine du devenir en tant que telle, abstraction faite, donc, de sa forme maladive.

J'espère que ces interrogations ne vous paraitront pas éloignées des textes canoniques, que je cherche simplement à comprendre. Mais parce que je ne songe pas plus d'un quart d'heure par jour à ces matières théoriques, conscient que la doctrine du Bouddha est fondamentalement orientée vers la pratique et l'expérience directe de la réalité, j'arrête là et remercie ceux veulent et ont voulu échanger sur ces thèmes.

Avec Metta
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
thanatos
Web


Inscrit le: 06 Aoû 2006
Messages: 138

MessagePosté le: Dim 25 Mai, 2008 18:25    Sujet du message: Répondre en citant

Chaosophe a écrit:
Mais comme les réponses qui m'ont été données me font me poser de nouvelles questions, je me demandais si certains seraient prêts à rendre compte du fait que c'est pourtant bien le désir (tanha) qui créer le premier agrégat d'attachement (rûpa). Or celui-ci contient les objets matériels et mondains correspondants aux organes des sens (formes visibles, odeurs, etc. et même les idées et les conceptions, comme le rappel Walpola Rahula, dans L'Enseignement du Bouddha). Evidemment, j'ai conscience que le désir ne créer pas les agrégats, mais seulement la douleur, c'est à dire les agrégats d'attachement.


euh...non, à ma connaissance, tanha fait partie des agrégats (l'agrégat des volitions mentales) et ne les crée pas. Il ne crée pas non plus dukkha, puisque ce sont les 5 agrégats qui sont dukkha. Je dirais plutôt que tanha perpétue dukkha en conditionnant les réexistences.

Citation:
En ce sens, en créant le premier agrégat, le désir ne créer pas tant la matière elle-même que les organismes vivants, en tant que la volonté d'appropriation et de devenir les conditionne. A la différence de la matière pure, donc, le désir peut prendre fin : rûpa est sans doute impermanent, mais au sens où il nait et meurt sans cesse, et ainsi continue de se manifester quand bien même il n'y aurait plus aucun désir dans l'univers. Il faudrait donc peut-être tenir la matière comme un ensemble de tendances ou d'énergies constructrices et causales (samkhâra) qui ne sont pas conditionnée par l'esprit ou la connaissance, et qui ne répondent pas à la logique du désir et des pulsions, mais seulement à la logique de la causalité (quoiqu'il s'agisse d'une causalité dynamique entre flux d'actes, et non pas mécanique ou statique entre "choses").


effectivement, il me semble plus exact de voir rupa comme un ensemble de forces et d'énergies dont l'apparition et la disparition n'est pas conditionnée par le désir, la volonté ou tout autre élément appartenant à l'esprit (nama). Cela rejoint ce que Viriya faisait remarquer dans son message. Les enseignements du Bouddha portent uniquement sur l'existence des êtres vivants et les causes de cette existence, et non sur l'existence de rupa ou de nama. La soif, le désir, ne conditionne donc pas la matière en elle-même mais les êtres et les actes de ces êtres.

Citation:
Puis-je cependant me permettre d'émettre une interrogation, qui concerne tanha ? Quoique peut être cela devrait faire l'objet d'un nouveau post, et que je compte bien lire sur le site ce qui peut concerner le sujet, je me demande si tanha, que je nommerai pour l'instant simplement la volonté ou le désir, ne revêt qu'une forme maladive, celle de l'inassouvissement, du manque douloureux qui entrainent des actes aux effets négatifs ; ou si le désir peut être aussi un moteur sur la voie de la libération. De fait, on peux multiplier les textes qui abondent dans le sens d'une libération du désir par le désir (« C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée », AN 4.199, Tanha Sutta). Ne doit-on pas supposer que, d'une façon ou d'une autre, le désir, l'effort, la volonté, l'énergie et les tendances profondes qui animent le moine et lui ouvrent l'accès à la libération procèdent d'une forme différente de tanha que celle qui propulse les êtres dans un devenir douloureux ? La soif et la volonté d'appropriation seraient en un sens synonyme de puissance, et en un autre synonyme de décadence, selon sans doute l'intention qui oriente et élabore le devenir. La question est alors de savoir ce qui caractérise le mieux tanha en général, ce qui définit la force à l'origine du devenir en tant que telle, abstraction faite, donc, de sa forme maladive.


Il faut rappeler que tanha ne désigne pas uniquement le désir d'appropriation mais aussi le désir d'existence ainsi que le désir de non-existence. Par conséquent, quelle que soit l'intention qui oriente le devenir, cela reste tanha puisqu'il y a toujours désir de devenir quelque chose et donc cela reste aussi source de dukkha.

Mais il est vrai que la question de savoir si il y a de "bons" désirs et de "mauvais" désirs est souvent sujet à débat et l'argument qui revient le plus souvent est que pour se libérer de dukkha et réaliser nibbana, il faut au minimum le désirer. Je pense cependant qu'on joue alors sur les mots, désir et volonté pouvant être synonymes en français. Il faudrait faire une distinction plus précise entre les désirs avec attachement (tanha) et les désirs sans attachement (synonyme de volonté, de résolution) qui incluent les désirs de réalisations spirituelles telles que nibbana, metta, karuna, etc... (mais pas les jhanas qui restent du domaine de l'expérience sensorielle).

L'idéal serait encore de n'utiliser le terme de "désir" que dans le sens de tanha et de préférer le terme de détermination ou de résolution lorsque l'on veut parler de la volonté de se libérer de dukkha.

avec metta
_________________
buddham saranam gacchami dhammam saranam gacchami sangham saranam gacchami


Dernière édition par thanatos le Dim 25 Mai, 2008 21:19; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
thanatos
Web


Inscrit le: 06 Aoû 2006
Messages: 138

MessagePosté le: Dim 25 Mai, 2008 19:20    Sujet du message: Répondre en citant

Chaosophe a écrit:
De fait, on peux multiplier les textes qui abondent dans le sens d'une libération du désir par le désir (« C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée », AN 4.199, Tanha Sutta).


je serai intéressé de les connaître, ainsi que l'origine de cette phrase, car la version anglaise du Tanha sutta dont je dispose ne mentionne pas cela. Elle énumère les différentes sortes d'affirmations verbales ayant comme origine le désir d'existence et de possession, sans plus. Ça m'a tout l'air d'être une traduction erronée...(reposer à la place de déposer dans le sens d'abandonner).

avec metta
_________________
buddham saranam gacchami dhammam saranam gacchami sangham saranam gacchami
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Chaosophe



Inscrit le: 13 Avr 2008
Messages: 125

MessagePosté le: Lun 26 Mai, 2008 14:48    Sujet du message: Répondre en citant

thanatos a écrit:
à ma connaissance, tanha fait partie des agrégats (l'agrégat des volitions mentales) et ne les crée pas. Il ne crée pas non plus dukkha, puisque ce sont les 5 agrégats qui sont dukkha. Je dirais plutôt que tanha perpétue dukkha en conditionnant les réexistences
.

Sans doute, mais c'est bien du corps lui-même dont on nous dit qu’il surgit de l’acte passé (karman), achevé (abhisamkhata), intentionnel (abhisamcetayita), cause d'impressions affecctives (vedanîga ; Sn, II. 64-67, cité par Silburn dans Instant et cause).

Tanha est bien un des agrégats (un ou une samkhâra), mais couplé à l'attachement (autre composant du vivant), il est le moteur du devenir, le facteur auquel il faut remonter pour expliquer l'existence de l'être (y compris son corps, car l'absorption d'aliment chez l'esclave du devenir est motivée par l'attachement). La logique de la réalité étant cependant infiniment multiple, elle est décrite par les textes d'une façon infiniment nuancée, où l'ignorance et les volitions notamment sont tenues pour origines ou facteurs du devenir. Reste que les agrégats d'attachement cessent définitivement (pari-nibbana) lorsque le désir, l'attachement et l'ignorance cessent, lesquels sont donc bien leur source profonde. On peut effectivement imaginer que tanha organise des phénomènes physiques (matérielles) et mentaux qui lui seraient indépendants (ils sont en effet des réalités ultimes) ; mais peut-être faut-il alors garder à l'esprit (est-ce conciliable ??) que ces phénomènes qui composent l'homme ne sont pas tout à fait distincts de ce qui les alimente et les soutient - à savoir notamment : une ou des énergie(s) élaboratrice(s) intentionnelle(s) (samkhâra, samcetanâ), ancrées dans le désir et l'ignorance, et d'où résulte le temps (l'impression d'un moi qui dure). Il faudrait donc s'entendre sur ce que sont précisément les dhamma et ce qu'ils ne sont pas : le terme générique, qui englobe à l'origine toute expérience (autant les expériences multiples, impermanentes et contingentes que celles qui mènent à la délivrance) et parfois même le dhamma unique et transcendant, le Nibbana -- n'a jamais désigné des éléments ou des matériaux passifs sur lesquels s'exercerait une activité, ou des fondements immuables, des supports substantiels, mais (comme c'était déjà le cas dans le Védisme) le résultat d'actes pour ainsi dire structurants (l'acte d'étayer ou de soutenir ; dhr-). Un dhamma est une organisation dépendant d'une norme (la dhammatā, la loi qui préside à l'organisation des expériences multiples), mais une organisation qui n'est autre que la réalisation de la norme.

De là, pour comprendre à la fois l'intention qui oriente le devenir samsarique, et l'intention qui guide l'activité "spirituelle" du moine, il faut se rappeler en premier lieu que dans le contexte du Dhamma, les actes discontinus par nature forment la seule réalité qui nous soit donnée (doctrine instantanéiste) et ces mêmes actes, agencés conformément à certaines lois, engendrent continuité et durée. Je ne m'étends pas sur ces points, mais je rappelle en outre que l'acte libérateur est un acte destructeur qui a pour fin la désorganisation des connexions ou la désarticulation des constructions, en sorte de perdre notamment l'illusion de la continuité et de vivre dans cette pure discontinuité des instants que le saint (arhat) seul est apte à connaître. L'homme n'étant qu'une succession hétérogène de pensées, d'impressions momentanées, et la série qui le constitue n'étant qu'un ensemble d'instants juxtaposés, il peut désolidariser ceux-ci en tarissant l'élan du désir qui le projette sans répit d'un instant au suivant. Ce qui m'intéresse est l'intention ou l'énergie qui propulse l'activité libératrice du pratiquant, car elle n'est sans doute pas comparable à l'inassouvissement et la soif (tanha).

Les textes abondent dans le sens d'un abandon du désir et de l'activité intentionnelle par la "recréation de soi selon un idéal" (l'expression est de Rhys Davids), un désir, ou une intention tout autre, et c'est à ce sujet qu'il me faut m'expliquer. Il faut bien voir que l'activité du moine répond à une certaine logique, qui progresse selon une intention, implique vouloir, et s'accompagne de plaisirs spécifiques, et pour ce faire une idée de cela, je convoquerai d’abord des faits textuels :
- « C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée » (il s’agissait en fait du Bhikkhuni Sutta, AN 4.159 – erreur de ma part) : lorsqu’un moine apprend qu’un autre moine aurait atteint la libération, il se dit : “pourquoi pas moi ?” et abandonne bientôt la vanité. Et comme le montre le Culavedalla Sutta (MN 44), de l’aspiration ardente à la libération procède une certaine tristesse permettant l’abandon de la résistance (au regard des sensations douloureuses) et de l’obsession (au regard des sensations plaisantes). Il y a une douleur du renoncement, qui vient précisément du désir ardent des libérations (MN 137).

Il faut bien, selon le Kitagiri Sutta (MN 70) que le moine qui a confiance dans l’enseignement ait le désir et la volonté (sous entendu : de se réaliser), et de là provient précisément l’effort qui mène à la réalisation. La voie implique proprement de souhaiter – souhaiter être vertueux, content ou satisfait, endurant ou résistant, vainqueur du déplaisir et de la peur, parfaitement maître des jhana, libre (AN 10.71, Akankha Sutta, le Sutta des souhaits). La volonté à l’œuvre ici est telle que le moine qui n’a pas encore atteint le but n’abandonnerait pas l’effort quitte à y perdre la vie (MN 70, Kitagiri Sutta). Le Dhamma est en effet « pour celui dont l’obstination » ou la « persévérance s’est fait jour » ; celui qui est « ferme, solide dans son effort, ne se soustrayant pas à ses devoirs au regard des qualités mentales habiles » ; celui dont l’esprit « bondit », et qui « devient sûr de lui, ferme » (AN 8.30). Les 4 efforts justes (sammappadhana) impliquent que le moine « génère du désir, entreprend, active sa persistance, maintient et met en vigueur son intention ». Car, la « qualité la plus salutaire pour la réalisation finale de la vérité » est « l’effort » (MN 95, Canki Sutta). C'est uniquement « s'il le veut », insiste à plusieurs reprises le Sutta du développement des facultés, qu’« en présence de ce qui est repoussant et de ce qui ne l'est pas – se retranchant des deux, il demeure équanime, sur ses gardes, et attentif » (Majjhima Nikaya 152, Indriya-bhavana Sutta), et la formule « insurpassable développement des facultés dans la discipline d’un arya » souligne déjà l’idée de pratique consciente et volontaire du développement, voir du dépassement de soi. Le même texte souligne qu’une fois saisie la nature composée, grossière, dépendante et co-produite du plaisir, on voit les avantages de l’équanimité, et ainsi le plaisir cesse ; alors, l’équanimité prend sa place – : il s’agit ici d’une description concrète de la logique de progression qui régule la pratique : on n’abandonne un jhana que pour un jhana supérieur, et un plaisir inférieur que pour un plaisir supérieur (généralement de nature jhanique). Le moine ne se détache d'une extase que .par désir de la suivante et, puisqu'il est inspiré par le désir, son détachement n'est pas encore total.

La volonté ou la détermination du pratiquant s’accompagne véritablement de plaisir et de jouissance, et il y a en fait un grand nombre de considérations dans le Canon relatives à ce point, dont je ne peux faire ici une synthèse, mais dont je rappellerai certains aspects. Il y a d’abord les multiples plaisirs jhaniques (lorsque les tourments ou les douleurs corporels et mentaux disparaissent, le moine est sensible à l’aise du corps et de la conscience ; MN 149, Maha-salayatanika Sutta). Il y a le plaisir à développer les qualités mentales habiles et à abandonner les qualités mentales malhabiles, en étant « habile, énergique, alerte, et vigilant » (AN 4.28, Ariya-vamsa Sutta). Parmi les "investigations" que doit mener l'esprit du pratiquant, le Tittha Sutta (AN 3.61) recommande d'explorer un objet sensoriel qui peut agir comme la base pour la joie. Le Salayatana-vibhanga Sutta (MN 137) parle des 6 sortes de joie de la renonciation ou du renoncement, et du fait de les transcender en reposant sur elles. Il y a donc une profonde joie du renoncement, et qui paradoxalement passe par la vision directe de l’inconstance et du caractère douloureux de toutes formes (faut-il parler d’un héroïsme tragique du moine ?). Il y a même un plaisir provenant de la sphère de ni-perception-ni-non-perception, mais la cessation définitive de la perception est “l’autre sorte de plaisir qui surpasse ce plaisir et qui est plus sublime”. Le texte insiste sur ce que plaisir que décrit le Bouddha n’est pas seulement le sentiment courant de plaisir, mais également le plaisir de la cessation de la perception et de la sensation (MN 59, Bahuvedaniya Sutta) –peut importe qu’il s’agisse ici d’un plaisir qui n’est qu’absence de peine. C'est sukha, mais ce n’est pas sukha-samvedana – c’est la « béatitude sans la conscience de la béatitude » (Cf. The two Nirvanadhatus according to the Vibhasa By Louis de la Vallee Poussin ; The Indian Historical Quarterly; Vol. VI, No.1, 1930.03 pp. 39-45).

En définitive, j’aurai aimé comprendre plus avant la forme de tanha, ou du moins l’intention élaboratrice (samcetana) qui guide le moine. Il s’agit en somme de se rappeler que bhavana, la progression, le développement, l’entraînement consistant à développer la concentration, en tant que pure fonction de « faire devenir » (« bhavana » est le causatif de –BHU, ce qui donne : faire mûrir, développer, accroître), contient le plus grand des dynamismes, car il représente une succession perpétuelle de purs actes concentrés actuels, perfectifs, spontanés, dépourvus de toute tension, lucides et vraiment conscients). A leur sommet, ils rejoignent la pure conscience. – J’indique incidemment qu’il est parfaitement essentiel pour un bouddhiste de comprendre en quoi consiste ces actes de perpétuelle disponibilité et l’assouplissement progressif de toutes les tendances dont il est ici question. – Ils réalisent en tout cas une recréation de soi-même selon un idéal unique, et l'élan que renferme l’effort qui vise un tel dessein est l'origine d’un devenir soustrait à l'automatisme du désir ; un certain devenir, en forme de progression spirituelle d'étage en étage, et cela seul est le véritable répondant de la déchéance du devenir existentiel éprouvé dans le Cycle. Plein de vigilance, l’individu est « tout droit » dans son effort, et toutes les forces sont unifiées et tendues sans relâche vers un même but (la pure sapience). Si l’on se souvient alors que l'acte coordonne toutes les possibilités de l'être, on comprend que la soif d'un idéal unique n'est pas sans préparer l'avenir, forger un certain devenir. On sait en effet que c'est la logique du désir qui fait progresser la conscience d’un jhana à l’autre, chaque jhana n’étant d’ailleurs précisément qu’une fabrication du désir. La volonté ici à l’œuvre élabore des formes de pensées supérieures aux formes qui dépendent de l'appropriation : ce sont les extases des plans de la forme et du sans forme. Au plan de la forme appartenant aux recueillements, le devenir du moine relève d'une pensée structurante, élaboratrice (je rappelle que les jhana sont des constructions), qui superpose en hauteur des étages lui permettant de monter à l'assaut de l'absolu et d'échapper à la durée. Aux dernières étapes, le méditant prend vivement conscience de son impermanence car il atteint un devenir spirituel entièrement fait de discontinuités. Comme le note Lilian Silburn dans Instant et Cause : « à la masse amorphe et confuse que constitue la vie ordinaire s'est substituée une vie spirituelle simple, cohérente, unifiée, au contenu de plus en plus raréfié à mesure que le moine s'élève dans la vie mystique. L'unique raison d'agir qui demeure et qui est un rythme de progrès, unifie cette succession de formes".
Au niveau par exemple du quatrième jhana, où ne demeurent qu'impassibilité et parfaite possession de soi, le moine a construit un temps idéalisé : il est au delà de la conscience des formes et de la multiplicité, au-delà aussi et des réactions sensorielles, mais bien qu'il se soit élevé à la pure conscience, une certaine finalité n'a pas entièrement disparu. Son activité est âbhisamskârika, visant une fin, donc elle élabore les formes d'un devenir spirituel, mais un devenir extrêmement discontinu. On se rend compte de ce fait à la lecture de texte comme celui qui décrit le moine songeant : « "penser est un état inférieur, il serait préférable de ne plus penser ; si je continue à penser et à forger des plans (abhisamkhareyyam), les idées et états de conscience que j'ai atteints s'évanouiront et d'autres plus grossiers seront susceptibles de surgir. Alors le moine ne forgeant ni ne faisant, idées et états de conscience s'évanouissent » (D.N. 1.184 § 15-17, cite dans Silburn, ibidem, p. 323). Mais à la fin, il est vrai, le moine ne fait plus aucun effort intentionnel ni ne forge de concepts, et étant sans dessein ni tension, il s'affranchit de toute appropriation.

En définitive, l'acte de l’arhat, acte efficient, désintéressé et décentré, est viriya, kiriyā, ou buddhakaryā, un acte qui est fait sans être assumé ou achevé, mais qui est pris en son prime jaillissement, en sa désarticulation, c'est-à-dire isolé du reste temporellement et causalement parlant. Puissions-nous également demeurer dans l'initiative de l'acte, dans l'efficience et la spontanéité qui nous rendent à tout instant à l'origine de nous-mêmes (svayambhû-), donc souverainement libres.

Avec Metta
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
cgigi2
Modérateur


Inscrit le: 02 Mar 2007
Messages: 793

MessagePosté le: Lun 26 Mai, 2008 17:34    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Chaosophe ce texte est vraiment d'une subtilité remarquable Very Happy

avec metta
gigi

_________________
Que tous soient en liaison
Avec les Bouddhas des Trois Temps
Passés, Présents et Futurs,
Ici et Maintenant.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
viriya
Web


Inscrit le: 27 Juil 2006
Messages: 601
Localisation: idf

MessagePosté le: Lun 26 Mai, 2008 23:28    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir

pour faire court, sinon il y a trop de choses à redire.

juste une remarque , votre exposé est basé sur tanha où vous mettez dans le même sac : le malsain comme désir, inassouvissement... , et le sain comme le désir de libération.

Vous citez beaucoup de texte à grands renforts de pali. Cependant il vous manque l'essentiel Shocked

1/ tanha est la soif insatiable, l'avidité, un état insatisfaisant . C'est définitivement ce qui est malsain et surtout ce n'est pas un agrégat.Mr. Green

2/ dhamma chanda est le terme pali qu'on a traduit par désir de libération. Et c'est définitivement ce qui est sain.

Il n'y a pas de mélange entre Tanha et Dhamma Chanda car ils procèdent dans deux sens opposés (il se peut qu'il y a tiraillement au début dans un sens ou dans l'autre).

"C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée" signifie que le yogi a identifié que la soif est source de dukkha et en cela qu'il a abandonné la soif en prenant exemple sur un ancien lui montrant la voie.


avec compassion Wink

_________________
avec metta
viriya
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Chaosophe



Inscrit le: 13 Avr 2008
Messages: 125

MessagePosté le: Mar 27 Mai, 2008 1:34    Sujet du message: Répondre en citant

viriya a écrit:
vous mettez dans le même sac : le malsain comme désir, inassouvissement... , et le sain comme le désir de libération".


Mon but était au contraire de distinguer les deux.

viriya a écrit:
tanha est la soif insatiable, l'avidité, un état insatisfaisant . C'est définitivement ce qui est malsain et surtout ce n'est pas un agrégat


Tanha ne fait-il pas partie du 4è agrégat ? Qu'existe-il, en dehors des agrégats, hormis Nibbana ?

Je crois qu'il ne faut pas réduire la subtilité de la psychologie du Bouddha. Les textes rendent compte des actes mentaux par une multiplicité de facteurs, aux rapports également multiples et dynamiques : tanha désigne avant tout une instance multiple. Soyons réaliste : etre moine implique de le vouloir, implique un effort spécifique, une intention spécifique, un plaisir et une joie spécifiques.

viriya a écrit:
"C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée" signifie que le yogi a identifié que la soif est source de dukkha et en cela qu'il a abandonné la soif en prenant exemple sur un ancien lui montrant la voie.


Vous amenuisez le sens du texte ainsi que des deux autres citations qui reprennent le même thème et avec lesquels je l'ai mis en regard : ils montrent une volonté de libération avouée, décrite par ailleurs sous de multiples aspects et de nombreux détails dans les textes, notamment concernant l'intention qui l'oriente et le devenir qu'elle engage (devenir spirituel et dynamique, qui implique moins persévérance et habitudes que progrès et spontanéité).

Il en ressort que la psychologie bouddhiste est particulièrement fine, et je ne sais pas si beaucoup mesurent que l'Occident n'aura acquis pareille analyse et description de la conscience qu'au 18è siècle ! Vue de l'intérieur, les facteurs du devenir consistent en une intention (ancrée dans l'ignorance ou la sagesse) qui reprend une impulsion (venue du désir) et l'oriente en vue d'une fin (appropriation ou libération). Bouddha parle surtout directement de l'énergie qui conditionne le devenir, mais les textes décrivent pourtant également ce qui mobilise les efforts du moine, qui consistent fondamentalement en un dépassement de soi et une recréation de soi par soi. Cela implique, mais je ne m'efforcerai pas de le montrer plus avant, un acte désorganisateur ou destructurant, qui désagence ou assouplit les tendances (il ne s'agit plus, comme dans le brahmanisme, de se construire un atman éternel, mais de mettre fin au temps). Les descriptions des textes sont elles-mêmes dynamiques, non-linéraires : elles décrivent une multiplicité de facteurs, avec une multiplicité de perspectives et de métaphores (surtout en ce qui concerne tanha), et je ne crois pas qu'il faille minimiser la subtilité de la pensée du Bouddha ou des rédacteurs du canon, lorsqu'ils décrivent les tendances de l'esprit et la vie pulsionnelle du corps.

avec compassion Wink [/color][/quote]
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Pieru
Web


Inscrit le: 17 Jan 2007
Messages: 256
Localisation: France sud

MessagePosté le: Mar 27 Mai, 2008 20:52    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Chaosophe,


Chaosophe a écrit:
viriya a écrit:
vous mettez dans le même sac : le malsain comme désir, inassouvissement... , et le sain comme le désir de libération".


Mon but était au contraire de distinguer les deux.





Qu'est ce qui attire une personne vers le Dhamma?
Il y a de nombreux éléments qui peuvent être mentionnés.
Cela peut être un ensemble d'évènements, sa compréhension des choses, une prise de conscience des quatre Nobles Vérités, le désir d'en savoir d'avantage, le développement et murissement des parami, l'aspiration à la moralité, au développement de l'attention ou l'aspiration à la sagesse, ou le souhait de se libérer complètement des kilesa.

Mais peut-on parler de soif ou d'avidité (=tanha), concernant le désir de libération? Tanha à le caractère ardent, impatient, insatisfaisant du désir, alors que le désir de libération, est en relation avec la compréhension et conscience des choses, les quatre demeures divines, la vision directe de la réalité (vipassana), ainsi il doit fonctionner avec des qualités telles que les sept facteurs d'éveil et la patience.

Si le souhait initial s'enracine dans l'illusion, il s'en détache progressivement jusqu'à "l'entrée dans le courant".
Au départ il est aspiration, une fois dans le courant, il est naturel de suivre le courant vers la libération.
Il n'y a plus de désir, il n'y a que joie dans le dhamma, joie du renoncement, opposé à l'avidité pour le désir (des sens).

A propos du renoncement :

"Heureux nous qui vivons sans possession aucune.
Nous serons nourris de joie, tels les dieux rayonnants."


Dhammapada 200



De la soif (tanha) naît la peine,
De la soif naît la crainte.
Qui s'est libéré de la soif ignore la peine:
D'où lui viendrait la crainte?


Dhammapada 216

De même :

"Si, en délaissant un moindre plaisir,
Il peut obtenir un bonheur plus grand,
L'homme avisé fera bien de choisir
Ce dernier parti, celui du bonheur,
Plutôt que celui du plaisir."


Dhammapada 290

Ainsi le désir à la recherche de plaisir est lié à l'attachement,
l'aspiration à la délivrance ne peut se satisfaire d'attachement.



Voilà ce que je dirais sur le sujet, avec mes moyens, et ceux du dhamma.
Wink
_________________
"Qui connait la nature connait le Dhamma".
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Chaosophe



Inscrit le: 13 Avr 2008
Messages: 125

MessagePosté le: Mar 27 Mai, 2008 22:30    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Pieru de nous aider à distinguer tanha, et la volonté qui préside à l'effort de libération, qui implique culture et dépassement de soi !
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
viriya
Web


Inscrit le: 27 Juil 2006
Messages: 601
Localisation: idf

MessagePosté le: Mer 28 Mai, 2008 23:40    Sujet du message: Répondre en citant

Chaosophe a écrit:

Merci Pieru de nous aider à distinguer tanha, et la volonté qui préside à l'effort de libération, qui implique culture et dépassement de soi !


sadhu, merci Pieru
_________________
avec metta
viriya
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
viriya
Web


Inscrit le: 27 Juil 2006
Messages: 601
Localisation: idf

MessagePosté le: Jeu 29 Mai, 2008 0:11    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Chaosophe,

maintenant revenons à quelques points de base de l'enseignement du Bouddha.

Chaosophe a écrit:
Et l'on sait que rupa fait partie des 12 causes,

Pourriez vous dire plus sur votre affirmation ? car ce n'est pas l'enseignement du Bouddha.

_________________________________________________

Chaosophe a écrit:
Je retiendrai donc que le bouddhisme est un réalisme, au sens où les phénomènes physiques, comme le rappel à juste titre Thanatos, sont une réalité ultime.

pour éviter toute ambiguité, nous n'avons pas prononcé le mot réalisme. C'est donc votre propre opinion.

d'ailleurs pourquoi relier réalisme qu'aux phénomènes physiques ?

Thanatos a bien signalé que la réalité ultime définie dans le bouddhisme ne se limite pas aux phénomènes physiques.

_________________________________________________

Chaosophe a écrit:
c'est pourtant bien le désir (tanha) qui créer le premier agrégat d'attachement (rûpa). Or celui-ci contient les objets matériels et mondains correspondants aux organes des sens (formes visibles, odeurs, etc. et même les idées et les conceptions, comme le rappel Walpola Rahula, dans L'Enseignement du Bouddha).

là je ne comprends pas :

1/ vous citez Ven Rahula pour étayer votre affirmation ? "c'est le désir qui crée le premier d'agrégat d'attachement (rûpa)" si tel est le cas , où est ce qu'il a affirmé ça ?

2/ ou le Ven Rahula est cité pour l'affirmation que "le premier agrégat d'attachement contient les objets matériels et mondains ... et même les idées et les conceptions ?
Pourriez vous préciser le chapitre, le paragraphe ? car je n'ai pas vu ce passage.

_________________________________________________

Chaosophe a écrit:
je me demande si tanha, que je nommerai pour l'instant simplement la volonté ou le désir, ne revêt qu'une forme maladive, celle de l'inassouvissement, du manque douloureux qui entrainent des actes aux effets négatifs ; ou si le désir peut être aussi un moteur sur la voie de la libération.

et pour démontrer cela vous écrivez
Chaosophe a écrit:
"De fait, on peux multiplier les textes qui abondent dans le sens d'une libération du désir par le désir « C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée »


1/ c'est ce que j'ai critiqué dans votre message " vous mettez dans le même sac (TANHA) : le malsain comme désir, inassouvissement... , et le sain comme le désir de libération (comme une autre forme de TANHA)".

- "Mon but était au contraire de distinguer les deux." (sous la coupe de TANHA).


2/ libération du désir par le désir : c'est une idée sujette à beaucoup de spéculations et d'interprétations incorrectes.

A part le texte sur le Bikkhuni , quels sont les autres textes ?

_________________________________________________

Chaosophe a écrit:
Tanha ne fait-il pas partie du 4è agrégat ?


c'est mieux on avance, vous avez pu différencier entre "Tanha EST un agrégat" et "Tanha FAIT PARTIE D'un agrégat". mais ce n'est pas encore ça.

Quel est le texte qui vous mène à cette conclusion ? (pour ma part , je n'ai pas encore vu )


_________________________________________________


Chaosophe a écrit:

viriya a écrit:
"C’est en reposant sur la soif que la soif est abandonnée" signifie que le yogi a identifié que la soif est source de dukkha et en cela qu'il a abandonné la soif en prenant exemple sur un ancien lui montrant la voie.

Vous amenuisez le sens du texte


vous avez raison, citer isolé de son contexte n'apporte pas de clarté.

Ce Bikhhuni Sutta est un enseignement que le Vénérable Ananda a donné à une Bikkhuni malade.
Il disait :
1/ Ce corps est arrivé en existence par la nourriture. C'est en reposant sur la nourriture que la nourriture doit être abandonnée;
2/ Ce corps est arrivé en existence par la soif (tanha). C'est en reposant sur la soif que la soif doit être abandonnée;
3/ Ce corps est arrivé en existence par la vanité (mana). C'est en reposant sur la vanité que la vanité doit être abandonnée;
4/ Ce corps est arrivé en existence par l'acte sexuel. L'acte sexuel doit être abandonné. Au regard de l'acte sexuel, le Bouddha déclare la destruction du pont".

Le premier cas sur la nourriture signifie que quand le moine prenne de la nourriture, il devrait penser d'une manière approprié (yoniso) qu'il prenne la nourriture ni pour se faire plaisir, ni par goumandise, ni pour se faire beau, mais seulement pour maintenir ce corps en bonne santé, en bonnes conditions, pour mettre fin à ses souffrances, pour le supporter dans sa vie sainte. C'est en cela qu'on dit que c'est en reposant sur la nourriture que la nourriture doit être abandonnée.
Les cas 2 et 3 évoquent le fait que le moine a constaté qu'il existe un ancien qui a pu se libérer en déraciner cette soif, ou cette vanité. Il devrait penser que lui aussi, il pourrait le faire en suivant la méthode du précédent moine.

Le processus de libération de ces 3 cas est très clair. C'est ce que fait le pratiquant de Vipassana. C'est en observant les souillures, en identifiant les trois poisons, la vanité , avec compréhension que c'est akusala - malsain à abandonner, qu'on arrive à les déraciner petit à petit jusqu'au plus subtil. C'est en ce sens qu'il est dit que c'est en reposant sur la soif (-la vanité) que la soif (-la vanité) doit être abandonnée. Et cela se passe à chaque instant tous les jours.

Sauf le cas 4 où l'acte sexuel doit être abandonné en coupant le pont.
Et c'est ce cas 4 qui a fait "tilt", qui a "réveillé" le Bikkhuni puisque juste après elle confesse ses fautes au Vénérable Ananda et demande pardon au Vénérable. Pourquoi ? ça c'est un mystère....

_________________________________________________

Chaosophe a écrit:
Il en ressort que la psychologie bouddhiste est particulièrement fine


et vue correctement seulement par celui qui sait et qui voit (sabbasava sutta ).

rassurez vous, je ne suis pas encore celui qui sait et qui voit mais seulement sur le chemin de savoir et de voir. Cool

_________________________________________________

au fonds vos idées ne sont pas si mal, mais ça reste des spéculations, il manque la relation correcte avec le Dhamma. Bien sûr ça n'engage que moi. Mr. Green


avec karuna Wink
_________________
avec metta
viriya
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
thanatos
Web


Inscrit le: 06 Aoû 2006
Messages: 138

MessagePosté le: Jeu 29 Mai, 2008 13:14    Sujet du message: Répondre en citant

viriya a écrit:

Chaosophe a écrit:
c'est pourtant bien le désir (tanha) qui créer le premier agrégat d'attachement (rûpa). Or celui-ci contient les objets matériels et mondains correspondants aux organes des sens (formes visibles, odeurs, etc. et même les idées et les conceptions, comme le rappel Walpola Rahula, dans L'Enseignement du Bouddha).

là je ne comprends pas :

1/ vous citez Ven Rahula pour étayer votre affirmation ? "c'est le désir qui crée le premier d'agrégat d'attachement (rûpa)" si tel est le cas , où est ce qu'il a affirmé ça ?

2/ ou le Ven Rahula est cité pour l'affirmation que "le premier agrégat d'attachement contient les objets matériels et mondains ... et même les idées et les conceptions ?
Pourriez vous préciser le chapitre, le paragraphe ? car je n'ai pas vu ce passage.


Bonjour Viriya.

Concernant les affirmations sur les agrégats, je me permet de répondre à la place de Chaosophe puisque je suis parvenu à retrouver les passages mentionnés dans l'exemplaire du livre du Vénérable Rahula en ma possession:

Citation:
Le premier est l'Agrégat de la Matière.[...] Sous le terme de dérivés des 4 grands éléments, on comprend les 5 organes matériels des sens [...] et les objets qui leur correspondent dans le monde extérieur, c'est-à-dire les formes visibles, les sons, les odeurs, les saveurs et les choses tangibles, et également telles pensées, idées et conceptions qui appartiennent au domaine des objets mentaux (dharmayatana). Le domaine entier de la matière, tant intérieur qu'extérieur, est ainsi englobé dans ce qu'on appelle l'Agrégat de la Matière.

(L'enseignement du Bouddha, d'après les textes les plus anciens; chapitre 2: La première Noble Vérité ; p.40)



Citation:
c'est mieux on avance, vous avez pu différencier entre "Tanha EST un agrégat" et "Tanha FAIT PARTIE D'un agrégat". mais ce n'est pas encore ça.

Quel est le texte qui vous mène à cette conclusion ? (pour ma part , je n'ai pas encore vu )



Toujours dans le même livre, p.52 (chapitre 3 sur la seconde Noble Vérité), on peut lire:
Citation:

Ainsi les termes "soif", "volition", "volition mentale", et "karma" ont tous le même sens. Ils signifient le désir, la volonté d'être, d'exister, de re-exister, de devenir, de croître de plus en plus, d'accumuler sans cesse. C'est la cause de l'apparition de dukkha. Ce désir se trouve dans l'Agrégat des Formations mentales, l'un des 5 agrégats qui constituent l'être.


de là ma précédente affirmation dans ma réponse à Chaosophe. Qu'en penses-tu?


avec metta
_________________
buddham saranam gacchami dhammam saranam gacchami sangham saranam gacchami
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Ce forum est verrouillé; vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé; vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Forum Mettâ Index du Forum -> Parole & écoute Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page 1, 2  Suivante
Page 1 sur 2

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum




Forum
phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com