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Libre-arbitre, production conditionnée et renaissances

 
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SATORI



Inscrit le: 28 Juil 2006
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Localisation: Entre les deux rives ...

MessagePosté le: Jeu 17 Mai, 2007 0:57    Sujet du message: Libre-arbitre, production conditionnée et renaissances Répondre en citant

Bonjour enfin plutôt bonsoir à tous,

Je viens partager avec vous une de mes interogations.
En effet dans les enseignements il y a une chose que je n'arrive pas à expliciter par moi même.

Comme vous le savez rien n'échappe à la production conditionnée, même pas le "libre-arbitre".

-->
Citation:
(libre volonté) a occupé une place importante dans la pensée et la philosophie occidentales, mais du fait de la Production conditionnée cette question ne se pose pas, et ne peut pas se poser dans la philosophie bouddhiste. Si la totalité de l'existence est relative, conditionnée et interdépendante, comment, seule, la volonté pourrait-elle être libre ? La volonté, commme toute autre pensée, est conditionnée. La prétendue « liberté » elle-même est une chose conditionnée et relative. S'il y a le libre arbitre, il est aussi conditionné et relatif. Il ne peut y avoir quoi que ce soit d'absolument libre physiquement ou mentalement, étant donné que toute chose est interdépendante et relative. Le libre arbitre implique une volonté indépendante de conditions, indépendante de causes et d'effets. Comment une volonté, ou n'importe quelle chose, pourrait-elle apparaître sans conditions, en dehors de causes et d'effets, alors que la totalité de l'existence est conditionnée, relative et soumise à la loi de cause et d'effet ? Ici encore l'idée du libre arbitre est, à la base, en relation avec les idées de Dieu, Ame, Justice, récompense et punition. Non seulement ce qui est appelé libre arbitre n'est pas libre mais l'idée même de libre arbitre n'est pas libre de conditions.



Source : http://www.anussati.org/page_1167846123421.html#arbitre

Si rien n'échappe à la production conditionnée comment un acte criminel par exemple pourrait être "puni" et amener ensuite à renaître dans un des enfers. Car celui ci ne serait en fait que le produit de différents conditionnements (Mauvaise éducation, traumatismes divers etc ...) .En effet celui qui commet un acte criminel ne l'aurait ainsi pas fait de manière tout a fait libre, cet acte répréhensible serait le résultat de différents conditionnements.

Je trouve que c'est là que les enseignements tournent en rond. Si tout est régit par la production conditionné comment un acte nuisible pourrait t-il entrainer une renaissance dans tel ou te monde alors que celui qui l'a commis etait lui aussi soumis a cette même production conditionnée ...

Comment le mauvais Kamma peut-il exister alors que chaque acte est régit par certaines conditons qui sont indépendantes de notre propre volonté.

Prenons un exemple ; Une personne X est née dans un milieu aisé, elle est entourée par un milieu sain celle ci aura donc moins tendance à engranger du "mauvais" Kamma. Alor qu'une personne née dans un milieu défavorisé aura plus tendance ("statistiquement") a creer du "mauvais" Kamma.

Cet exemple est caricatural mais c'est pour montrer à quel point même le Kamma est à mon sens conditionné, dans ces cas là comment peut il y avoir du bon et du mauvais Kamma qui entrainerait telle ou telle renaissance. Si on prend l'idée de production conditionnée a la lettre personne n'est jamais vraiment responsabe d'un acte nuisible car celui ci aura été favorisé par tel ou tel facteur. Pourquoi y aurait il alors des renaissances dans les enfers alors que le Kamma qui aura entraîner celle ci aura été conditionné par d'autres facteurs ?

Je ne sais pas si j'ai été clair mais j'ai fait de mon mieux.
En esperant ouvrir un nouveau sujet de reflexions.


SATORI
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sati



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MessagePosté le: Jeu 17 Mai, 2007 10:21    Sujet du message: kamma Répondre en citant

Quand un objet magnifique et fragile tombe sur le sol sous l’effet de cette loi naturelle qui est la gravitation, il se casse. Il ne te viendrait pas à l’idée qu’il est responsable de cet accident.

Tout est conditionné (sankhata) et il n’y a personne (anatta). Où pourrait-il y avoir encore un responsable de l’acte ou un coupable à punir ?

Nous ne sommes qu’un objet tombant sur le sol ; un processus soumis à une loi impersonnelle ! Il n’y a ni punition, ni récompense, ni coupable ni méritant, seulement un enchaînement de faits. Mais le « lieu » de renaissance est sûrement beaucoup plus complexe que la présentation traditionnelle.

Ce processus possède en lui-même un « programme » pour s’interrompre. De mûrissements en mûrissements kamma progresse vers ce que nous appelons sa fin.

Attention bienveillante.
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pol



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Localisation: corsica

MessagePosté le: Jeu 17 Mai, 2007 17:07    Sujet du message: Re: Libre-arbitre, production conditionnée et renaissances Répondre en citant

Bonjour satori,

Ta question est pertinente, je me la pose de toutes les façons possibles aussi bien comme tu le fais, mais encore sur d'autres plans de moins en moins évidents à partager.

Les implications de la co-production interdépendante régissent de manière si étroite nos vies, et nous même, qu'il faut, d'une certaine manière, se dégager, quand on est resté dans un mode de pensée proprement occidental.

Et on ne peut renier si facilement un héritage qui marie si bien raison et absurde.

Si l'on en a la culture, et l'habitude, la pratique du lâcher-prise conduit aussi à laisser de côté ces questions qui n'ont pas de réponse immédiate, et surtout logique suivant celle que nous avons l'habitude de pratiquer.

Il faut être ici très attentif et très précis: le bouddhisme questionne mais ne donne pas de réponse définitive en retour en tous cas, à mon niveau de débutant, bien sûr.

C'est d'abord une méthode. C'est ensuite une culture, un savoir.

A aucun moment il n'est prévu qu'il soit la clé de tous les problèmes de tout le monde. Bien au contraire, il évacue les problèmes en évacuant le monde dont on parle.

Mais, pour beaucoup, cela ne va pas, cela ne fonctionne pas.

Et pour cause. Qu'on se l'avoue ou non, la réalité nous rattrape, il y a trop de bouddhistes intolérants, impatients, et surtout sans cette compassion qui est une des grandes faveurs bouddhiques pour qu'on puisse croire que c'est si simple, pour qu'on puisse enfin s'apercevoir qu'entrer dans le courant n'est pas un aboutissement, mais un commencement.

Ce n'est pas un commencement entre soi et le bouddhisme. Ceci est l'erreur habituelle, me semble-t-il. On pense entrer en bouddhisme et donc s'habiller aussitôt de vérité, de pureté, de clarté, de lumière, et d'un savoir invincible.

Ce qui est tout à fait vrai, et aussi tout à fait faux. On entre pas en bouddhisme, on commence la rencontre avec soi-même.

C'est quand même le fondement de la méditation.

Il ne s'agit pas de découvrir quoi que ce soit, de s'armer de quoi que ce soit, et pourtant nous voilà formidablement équipé, il s'agit bien de se rappeler à soi, d'abord, de se calmer, et de pouvoir partir d'où l'on est.

Peu importe qu'il y ait un déterminisme de la création. Qu'on soit conduit à faire ceci plutôt que cela parce qu'on serait issu de ceci ou de cela.

C'est l'évidence visible. Nous sommes, dans ce type d'approche, dans les suppositions, supputations et hypothèses qui sont très éloignées de notre point de départ. Les évidences visibles cachent les évidences invisibles.

Quand on est rendu à un point de situation insoluble, là nous sommes dans la vérité.

Je vais m'exprimer un peu sèchement, mais c'est à discuter comme un point de vue, et pas une vérité définitive:

Seule compte la situation bloquée. Seule compte l'incompréhension, seule compte la porte qui est fermée.

Seule compte la difficulté. L'épreuve nous parle le mieux, et pas la réussite.

Cette question que tu poses est vraie. Toutes les réponses que tu vas chercher et trouver sont fausses.

Parce que seule compte la manifestation, le déroulement et la qualité du phénomène, dans notre rapport à la rencontre et ce qu'il fait de nous.

Tout le reste est construction, à partir d'une vérité que nous sommes et dont nous nous éloignons le plus vite possible, pour une immensité de raisons, en construisant des jugements, des conclusions et même des sensations qui toutes sont finalement jouet de quelque chose.

Seul compte, donc, l'instant, et le vécu de celui-ci.

Que faire? Comment faire?

Il faut de l'humilité. Vouloir créer un instant qui nous soit favorable, propice, qui aille dans nos vues, c'est déjà s'écarter.

Rencontrer l'instant et réaliser ce qu'il a de favorable et de propice, voilà un bon début.

Nous avons certainement les réponses dans la méthode du bouddha. Si l'on n' est pas facilement érudit, et si l'on a peu de capacités, il suffit de se contenter de ses possibilités, et de commencer par le plus simple.

L'action n'est pas la réaction, et la réaction n'est pas forcément la bonne action.

Observer ce que nous sommes, et notre vision des choses de la façon la plus complète qui soit, questionner la moindre de nos aventures dans le monde de la conscience. Pratiquer l'attention. Et regarder ce que cela apporte. Et quand c'est du bon, trouver les causes, quand c'est du mauvais, ne pas se laisser déborder et suivre attentivement ce qui se passe.

Pour ce qui est du monde de l'inconscience, ses voies sont encore plus difficiles, mais qui ne pourrait imaginer que la lumière se fasse d'elle-même à son heure?

Et suivre chaque fil, chaque chemin, chaque ruisseau qui fait le fleuve de notre vie et le remonter jusqu'à la source, celle qui s'enfonce sous le sol, qui devient invisible, et qui pourtant est là.

De la même façon, on s'attachera à poursuivre tous les courants jusqu'à ce qu'on les trouve se perdre dans l'immense océan où l'on ne distingue plus leur trace, et où ils sont tellement mêlés qu'on croit qu'ils ne sont plus là.

Il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, ce n'est pas un argument que de voir qui soit pour ou contre l'existence d'un phénomène. Il faut le vivre, et pour le vivre, il faut qu'il nous soit offert, il faut le rencontrer.

Il y a le conditionné. Il y a le créé. Il y a les causes et les effets. Et, de la même façon, il y a ce qui est non conditionné, non créé, sans cause, et sans effet, ce qui échappe à la roue du samsara, et ici, il est question de foi.

On y croit, ou non.

Il existe la souffrance, c'est vu, il existe le bonheur, c'est dit et vu, existe-t-il un bonheur sans souffrance en retour?

Si oui, il n'est pas de ce monde, et s'il est de ce monde, alors il faut questionner notre sens du bonheur et de la souffrance.

Les fondamentaux s'expliquent d'eux même, quand on les expérimente, et quand on les rencontre. Et cette rencontre change la nature même de nos expériences, de notre aventure quotidienne.

La plupart de nos problèmes se dissolvent, non qu'ils aient trouvé une solution, non, pas du tout, des tas de gens continuent d'avoir les même, mais ils ne se posent plus pour nous. Ils sont remplacés par d'autres.

Pour chacun le chemin est différent, c'est pour cela qu'il n'y a pas de solution sociale dans le bouddhisme, c'est uniquement une démarche qui marche individuellement.

Les hauts et les bas du bonheur mondain de l'humanité concernent une autre espèce d'approche, ce n'est pas le but du bouddhisme que de rendre heureux sans éveil, même si le chemin qui conduit à l'éveil soulage bien des maux. Toutes les approches ont leur nécessité ou validité, à un autre niveau que celui qui est l'objet du dhamma.

On sera plus sage, et de plus en plus sage, mais pas de possibilité de dire sa loi au monde, c'est le monde qui dicte la sienne. On peut essayer d'aller contre, d'âge d'or en âge de fer, de paradis en enfer, mais chacun devra se rencontrer, et se reconnaître pour ce qu'il est, se trouver ou s'abandonner.

Et se nier, ou s'exalter conduit exactement au même type d'impasse: l'exaltation ou la dépression. Les deux faces d'une même médaille. Et c'est la médaille qu'il faut pouvoir considérer, dont il faut pouvoir s'éloigner pour ne plus en être la gravure d'un des côtés. Même avec les marques de la canonisation.

Le bouddhisme avec la co-production conditionnée nous permet la rencontre du monde, il n'en donne pas les clés. La clé est dans l'instant, et ce qui la donne, semble-t-il, c'est l'éveil.

Pour finir, poses donc ta question, voici ma réponse, tu en auras d'autres, n'espères pas la vérité, n'espères même pas en savoir plus, mais concentre-toi encore une fois, une fois de plus, sur le fait que toutes les réponses, tu les portes en toi-même, ou tu les rencontreras par toi-même, à leur heure, et cela, c'est tout à fait de ton choix.

Tu peux avoir mal et te plaindre ou sourire à qui a plus mal que toi.

Le libre-arbitre existe, il existe une intelligence de la situation, Wink , une harmonie, une nécéssité consentie, c'est l'ego qui n'existe pas comme on se l'imagine. Et c'est autre chose, une autre histoire, merci de m'avoir donné l'occasion de raconter ici une de celles que je préfère...

Mr. Green

Amitiés, pol.

SATORI a écrit:
Bonjour enfin plutôt bonsoir à tous,

Je viens partager avec vous une de mes interogations.
En effet dans les enseignements il y a une chose que je n'arrive pas à expliciter par moi même.

Comme vous le savez rien n'échappe à la production conditionnée, même pas le "libre-arbitre".

-->
Citation:
(libre volonté) a occupé une place importante dans la pensée et la philosophie occidentales, mais du fait de la Production conditionnée cette question ne se pose pas, et ne peut pas se poser dans la philosophie bouddhiste. Si la totalité de l'existence est relative, conditionnée et interdépendante, comment, seule, la volonté pourrait-elle être libre ? La volonté, commme toute autre pensée, est conditionnée. La prétendue « liberté » elle-même est une chose conditionnée et relative. S'il y a le libre arbitre, il est aussi conditionné et relatif. Il ne peut y avoir quoi que ce soit d'absolument libre physiquement ou mentalement, étant donné que toute chose est interdépendante et relative. Le libre arbitre implique une volonté indépendante de conditions, indépendante de causes et d'effets. Comment une volonté, ou n'importe quelle chose, pourrait-elle apparaître sans conditions, en dehors de causes et d'effets, alors que la totalité de l'existence est conditionnée, relative et soumise à la loi de cause et d'effet ? Ici encore l'idée du libre arbitre est, à la base, en relation avec les idées de Dieu, Ame, Justice, récompense et punition. Non seulement ce qui est appelé libre arbitre n'est pas libre mais l'idée même de libre arbitre n'est pas libre de conditions.



Source : http://www.anussati.org/page_1167846123421.html#arbitre

Si rien n'échappe à la production conditionnée comment un acte criminel par exemple pourrait être "puni" et amener ensuite à renaître dans un des enfers. Car celui ci ne serait en fait que le produit de différents conditionnements (Mauvaise éducation, traumatismes divers etc ...) .En effet celui qui commet un acte criminel ne l'aurait ainsi pas fait de manière tout a fait libre, cet acte répréhensible serait le résultat de différents conditionnements.

Je trouve que c'est là que les enseignements tournent en rond. Si tout est régit par la production conditionné comment un acte nuisible pourrait t-il entrainer une renaissance dans tel ou te monde alors que celui qui l'a commis etait lui aussi soumis a cette même production conditionnée ...

Comment le mauvais Kamma peut-il exister alors que chaque acte est régit par certaines conditons qui sont indépendantes de notre propre volonté.

Prenons un exemple ; Une personne X est née dans un milieu aisé, elle est entourée par un milieu sain celle ci aura donc moins tendance à engranger du "mauvais" Kamma. Alor qu'une personne née dans un milieu défavorisé aura plus tendance ("statistiquement") a creer du "mauvais" Kamma.

Cet exemple est caricatural mais c'est pour montrer à quel point même le Kamma est à mon sens conditionné, dans ces cas là comment peut il y avoir du bon et du mauvais Kamma qui entrainerait telle ou telle renaissance. Si on prend l'idée de production conditionnée a la lettre personne n'est jamais vraiment responsabe d'un acte nuisible car celui ci aura été favorisé par tel ou tel facteur. Pourquoi y aurait il alors des renaissances dans les enfers alors que le Kamma qui aura entraîner celle ci aura été conditionné par d'autres facteurs ?

Je ne sais pas si j'ai été clair mais j'ai fait de mon mieux.
En esperant ouvrir un nouveau sujet de reflexions.


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thanatos
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MessagePosté le: Jeu 17 Mai, 2007 18:21    Sujet du message: Re: Libre-arbitre, production conditionnée et renaissances Répondre en citant

SATORI a écrit:
Bonjour enfin plutôt bonsoir à tous,

Si rien n'échappe à la production conditionnée comment un acte criminel par exemple pourrait être "puni" et amener ensuite à renaître dans un des enfers.



Parce qu'il conditionne lui-même les suivants. Une erreur classique des chrétiens est de raisonner en termes de "punition" et de "récompense". Il n'y a pas de jugement dans la production conditionnée, pas de débat sur la moralité d'un acte, pas de circonstances atténuantes selon les antécédents. Juste une loi d'action et de réaction. Tout acte volontaire nuisible aura des conséquences nuisibles. Peu importe ce qui a précédé cet acte.

Se dire, JE ne mérite pas ça parce que JE ne suis pas responsable est un leurre, une vue fausse née de l'illusion qu'il existe un JE qui subit.

Pour prendre un exemple simpliste, imagine que tu te tapes la tête contre un mur. Tu auras mal. Vas-tu te dire :" c'est injuste d'avoir mal. Mes motivations n'étaient pas mauvaises. Je suis juste dans une période de dépression et c'est ça qui m'a poussé à me cogner la tête contre le mur" ? Ou encore, te diras-tu : "c'est injuste d'avoir mal. mes motivations n'étaient pas mauvaises. J'ai juste trébuché sur une pierre et j'ai perdu l'équilibre. Je ne suis donc pas responsable et je ne comprends pas pourquoi j'ai mal à la tête. Je ne devrais pas avoir mal. " Cela te semble-t-il avoir un sens ce genre de question ? Il faut voir la production conditionnée de la même façon.

Par contre, une autre erreur courante lorsqu'on envisage la production conditionnée est de l'interpréter comme un déterminisme absolu. "J'ai commis un acte nuisible, donc il est inévitable de subir une conséquence nuisble". Non, c'est plus complexe que ça, moins "mécanique". La comparaison des "fruits" utilisée par le Bouddha pour expliquer le kamma n'est pas innoncente: chaque acte est comme une graine, qui pourra se développer et donner des résultats SI les conditions sont propices à son développement. De plus, tout comme une seule graine, lorsqu'elle se développe, donne un arbre qui produira de nombreux fruits, un seul acte, si il se développe, donnera de nombreux résultats. L'équation 1 acte = 1 résultat est donc fausse.

Chaque individu conserve cependant la capacité à influencer, dans une certaine mesure, les conditions environnantes afin de permettre le développement des actes productifs et d'empêcher le développement des actes négatifs. Il ne faut donc pas interpréter le kamma et la production conditionnée comme un déterminisme absolu auquel il faut se résigner.

avec metta.
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pol



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MessagePosté le: Jeu 17 Mai, 2007 19:58    Sujet du message: Re: Libre-arbitre, production conditionnée et renaissances Répondre en citant

salut Thanatos,

La contradiction:
thanatos a écrit:
Il n'y a pas de jugement dans la production conditionnée, pas de débat sur la moralité d'un acte, pas de circonstances atténuantes selon les antécédents. Juste une loi d'action et de réaction. Tout acte volontaire nuisible aura des conséquences nuisibles. Peu importe ce qui a précédé cet acte.


Nuisible pour qui, et pour quoi? pourquoi ne pas dire tout acte a une conséquence. nuisible est un jugement, une vue de l'esprit. Ce qui induit facilement à :

thanatos a écrit:

Se dire, JE ne mérite pas ça parce que JE ne suis pas responsable est un leurre, une vue fausse née de l'illusion qu'il existe un JE qui subit.


Et ici, la question du mérite, si elle ne se pose plus, celle de l'ego non plus. Seulement voilà, la contradiction reste: il y a une manifestation que notre illusion s'obstine à appeler "je" qui fait une expérience de la souffrance, et même de l'éveil. Quelle est-elle?

Qu'est-ce qui vit, et qu'est-ce qui avance ainsi dans le samsara?

Une série de conséquences et de causes? Donc l'éveil est la clé logique de la situation, et tout est fini, tout est déterminé donc? obligatoirement nous allons à l'éveil.

Ou alors non, il y a un choix d'aller là plutôt que là, mais comme il n'y a pas de moi, qui fait ce choix? Ou plutôt qu'est-ce qui fait ce choix?

Ici, ça coince terriblement.

Je veux bien renvoyer l'ego à une construction parce que l'ego est une évidence, mais le non-ego, la non-âme ou tout ce qu'on voudra, le rien, c'est évidemment de même une évidence de l'absurde de la situation.

On parlera donc ici plus justement de ce qu'on ne saisit pas: ce qui échappe aux sens, le non-conditionné, et c'est ce non-conditionné qui nous attend, ou qui est déjà là, et comment dire quoi que ce soit avant la rencontre?

Alors tout prend son sens, il y a un bien, il y a un mal, et il y a un haut et un bas, c'est ce qui conduit à l'éveil, et ce qui en éloigne. Les principes sont justes et ils sont à respecter, par ce moi qui n'est pas par ou en lui-même, mais qui participe, d'une manière indéfinissable à ce non -conditionné dans lequel il n'est pas destiné à se perdre, mais à se trouver. Et ici, on échappe à l'inflation, ce n'est plus l'objet de se retrouver dieu ou partie de Dieu, on échappe à la négation, au nihilisme et nous ne sommes pas rien, nous ne sommes pas, c'est assez différent, et on trouve sa place celle de n'être pas, en rencontrant ce qui seul est: le non-conditionné.

Quoi? Et oui, qui veut des conceptions, là où il n'y a plus de rien pour concevoir? Mr. Green

Citation:
Par contre, une autre erreur courante lorsqu'on envisage la production conditionnée est de l'interpréter comme un déterminisme absolu. "J'ai commis un acte nuisible, donc il est inévitable de subir une conséquence nuisble". Non ! La comparaison des "fruits" utilisée par le Bouddha pour expliquer le kamma n'est pas innoncente. Chaque acte est comme une graine, qui pourra se développer et donner des résultats SI les conditions sont propices à son développement.


Oui, sinon quelle place pour l'éveil, on ne sortirait jamais du samsara.

Citation:

Chaque individu conserve donc la capacité à influencer, dans une certaine mesure, sur les conditions environnantes afin de permettre le développement des actes productifs et d'empêcher le développement des actes négatifs. Mais si ceux-ci sont trop importants, le résultat devient inévitable.

Tout est là: cette propension à l'action, à l'influence, on oublie facilement que le pratiquant est avant tout un méditant, un contemplatif.

La doctrine du bouddha est trop difficile, on y met un peu de douceur facilement, et ce n'est plus la doctrine du bouddha. Qui veut trouver l'éveil en menant une vie normale? C'est peut-être possible, mais peu probable. Il faut parfois regarder les choses en face.

Citation:
Il ne faut donc pas interpréter le kamma et la production conditionnée comme un déterminisme absolu auquel il faut se résigner.

avec metta.


Oui, certainement, mais il faut tout de même bien considérer les implications de la doctrine, et l'immense effort à fournir pour simplement se tenir un peu en retrait de la myriade de conséquences qu'ont simplement quelques pensées un peu débridées, et le laisser-aller de notre conduite qui nous donne ce monde que nous condamnons avec tant de force sans réaliser à quel point il nous appartient, il est nôtre...

Very Happy

Avec metta, pol. Very Happy
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Pieru
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MessagePosté le: Jeu 17 Mai, 2007 22:30    Sujet du message: Re: Libre-arbitre, production conditionnée et renaissances Répondre en citant

pol a écrit:


Qu'est-ce qui vit, et qu'est-ce qui avance ainsi dans le samsara?



Bonsoir Pol,

Une "chose" avance ainsi dans le samsara.
Support de la continuité, elle se transforme selon les aspirations, renaissant là où le kamma la pousse.
Un principe de vie avance ainsi, c'est "toi" en cet instant, car l'ensemble semble cohérent, mais profondément, cet ensemble est prêt à se dissoudre et à reprendre forme, dans cette grande illusion.

Jusqu'à l'éveil...qui nécessite toutefois des conditions spécifiques!
Meilleurs voeux.
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sati



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MessagePosté le: Sam 19 Mai, 2007 7:01    Sujet du message: kamma Répondre en citant

Merci pour ces beaux et vrais textes à Pol et Pierru.

" "UNe chose avance ainsi dans le samsara...là où le kamma la pousse" dit Pierru.
Tu y es presque: cette "chose", ce résidu qui resiste à anatta par ta pensée n'existe même pas. Il n'y a que kamma. Kamma chemine seul, vers les états infernaux comme vers nibbana. TU ES KAMMA.

Diificile à réaliser...difficile à accepter...mais pour une poussière sur un oeil, il suffit de souffler! Wink

Attention bienveillante.
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Pieru
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MessagePosté le: Sam 19 Mai, 2007 7:38    Sujet du message: Répondre en citant

Merci de nous aider à souffler cette poussière.
Mr kamma! Wink
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