Forum Mettâ Index du Forum Forum Mettâ
Bouddhisme originel
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

tendances, habitudes mentales - comment méditer?

 
Ce forum est verrouillé; vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé; vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Forum Mettâ Index du Forum -> Bouddhisme
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
sayalay
Nonne


Inscrit le: 07 Mai 2008
Messages: 51

MessagePosté le: Jeu 06 Oct, 2011 0:26    Sujet du message: tendances, habitudes mentales - comment méditer? Répondre en citant

Bonjour,

Chaosophe,

Votre premier post sur le paradoxe de la vie spirituelle était intéressant. Le paradoxe que vous mentionnez
Citation:
(Pour mettre fin à la souffrance, je dois en effet ne pas vouloir lui mettre fin, ce qui est pourtant mon vœux le plus cher ! Je souffre et veux mettre fin à la souffrance ; mais je sais que, pour atteindre ce but, le meilleur moyen est d’être attentif à la souffrance sans vouloir lui mettre fin ; et voici que je veux et ne veux pas mettre fin à la souffrance ! Voici que je désire ne plus désirer....
Je me demande « comment donc accomplir une action spontanée, qui ne soit pas le fruit d’une intention délibérée ? » ; mais cette question prouve bien mon intention ! La pensée demande comment accomplir ce qui ne peut être accompli par la pensée. )


Ce paradoxe est quelque chose que nombreux d'entre-nous, méditants rencontrent à un moment dans leur pratique. Car on se retrouve face aux conditionnements habituels de notre mental qui sont souvent : l'utilisation de la force de la volonté, le désir de contrôler les choses,...

Citation:
un coeur intrépride ne va pas au contraire au-devant de la souffrance, pour l'affronter et la dépasser.

Oui, en effet, je vous comprends. Cela est vrai.

Mais voyant que vous parliez de la pratique dans votre post, je me suis permise d'y répondre, en me plaçant humblement à ce niveau, la pratique...
Aussi, pour plus de clarté, je vais essayer de remettre le fil de la discussion dans le cadre de la pratique (et non de la définition philosophique d'un mot). Essayons de voir alors comment les mots peuvent être utilisés et interprétés de différentes manières selon le contexte, les inclinations personnelles…

Les mots servent alors à induire des états mentaux particuliers.

Par exemple, je me rappelle une méditante assez âgée lors d’une retraite, qui avait d’énormes souffrances physiques, et beaucoup de peur. Elle n’avait pas assez de courage pour observer ses douleurs, et voulaient rentrer. Dans un tel cas, il est très utile de parler de la pratique en terme « guerrier /martial», « affronter, surmonter, vaincre, dépasser la souffrance etc » (ce que Sayadawgyi U Pandita fait si souvent), de réveiller la fierté de la personne « si les autres peuvent le faire, vous le pouvez aussi ». Et cela afin de développer vīriya, l’énergie, l’effort, ātāpa, l’ardeur et la détermination, car l’esprit est mou, ‘froid’, il recule devant l’objet.

Desfois, au contraire, certains méditants, à un moment donné, font preuve de trop d’effort dans leur pratique. Il y a un excès d’énergie et l’agitation apparaît. L’esprit n’arrive plus à observer avec précision l’objet. D’autre part, il arrive que cet effort, vīriya ne soit pas juste (micchā vāyāma, le contraire de sammā vāyāma). Les méditants se poussent eux-mêmes avec une certaine dureté. Leur effort peut être associé à dosa, l’aversion (comme l’aversion contre la sensation désagréable – souffrance physique ou mentale), puis à lobha, l’avidité ou attachement (le désir d’expérimenter des sensations agréables). Le méditant observe par exemple la douleur avec le désir de la faire partir…

Ce genre d’effort peut également être associé à un attachement fort à l’ego, attachement profond à la vue erronée qu’il y a un soi (attavādupādāna). On distingue 4 types d’attavādupādāna, c’est-à-dire que cet attachement profond à l’idée d’un soi qui existe, se décline de 4 manières (tel qu’expliqué par Mahasi Sayadaw dans « the anattalakkhana sutta »):

    (i) Sāmī attā – croire qu’il y a une entité vivante, un soi intrinsèque, une âme dans notre corps/esprit qui dirige, commande à sa guise les choses, les actions. C’est ce soi ou égo qui marche, se tient debout, s’assied, dort, parle, médite selon sa volonté. Il peut contrôler la douleur, la faire partir. Il veut que les phénomènes se produisent de telle ou telle façon comme il lui plait. En bref, il est au contrôle des choses, du corps, de l’esprit.

    (ii) Nivāsī attā – croire qu’il y a une entité vivante, un soi intrinsèque, une âme, qui est/réside en permanence en nous. C’est ainsi l’idée commune de penser qu’il y a un soi qui existe tout le temps en tant qu’être vivant depuis la naissance jusqu’à la mort.

    (iii) Kāraka attā – croire que c’est une entité vivante, un soi intrinsèque, une âme, qui effectue toutes les actions physiques, verbales et mentales. Croire que c’est soi qui désire, médite, observe, a du désir avide pour tel et tel objet.
    En réalité, toutes ces actions sont le fait des saṅkhārā. (ici, saṅkhāra désigne saṅkhārakkhandha, il s’agit des 50 états ou facteurs mentaux, cetasikā, à l’exception de vedanā, la sensation et saññā, la perception). Ces saṅkhārā sont responsables de l’intention de marcher, de se lever, de parler, d’observer… c’est-à-dire des 4 postures du corps (en marche, en assise, debout, couché). C’est comme s’ils donnaient des ordres tels que ‘maintenant marche’, ‘maintenant assis, ‘maintenant debout’…Ils produisent également l’action de se pencher, s’étirer, bouger, sourire ect comme s’ils ordonnaient de se pencher, s’étirer, bouger, sourire…Ce sont aussi ces saṅkhārā qui sont à l’origine des actions verbales (‘maintenant dis cela, dis ceci) et de tout action de penser, voir, entendre…désirer. Ainsi, désirer méditer, désirer avec attachement quelque chose est le jeu des saṅkhārā.

    (iv) Vedaka attā; – croire que c’est le soi qui ressent la sensation agréable, désagréable ou neutre. C’est ‘moi’ qui souffre.


Ainsi, durant la pratique, il se peut que certains méditants observent les objets avec un attachement très fort ((taṅhā devient upādāna) à l’idée que c’est ‘moi’ qui observe, qui note ; c’est moi qui ressens les sensations, les douleurs ; et surtout, c’est moi qui peux contrôler les choses, qui peux désirer ou ne pas désirer. ‘Il y a un moi qui doit bien faire, bien noter, bien méditer.’ Il peut y avoir alors beaucoup trop de ‘volonté’ dans l’observation avec l’idée qu’il faut que les choses soient comme ci ou qu’elles ne soient pas comme cela, des attentes que les phénomènes se produisent selon notre souhait, notre volonté. Il faut atteindre ceci, réaliser cela. L’esprit d’acquisition, de compétition apparaît. Les variantes sont multiples. Et plus upādāna est intense, plus le sont les états de tension. Cet attachement profond se cristallise et l’esprit devient rigide, dur. (j’ai pu observer cela plus fréquemment chez les yogis occidentaux que les birmans ???)

Mais avant un certain stade de la pratique où les facultés de contrôle (indriya) sont en maturité, il est très difficile de pouvoir être conscient de ces états mentaux au moment où ils apparaissent. Et dans ce cas, penser la pratique méditative ou être encouragé par un enseignant en termes de "guerre à mener contre les ennemis des kilesa, de les vaincre", "dépasser tel et tel obstacle ect", n'est pas très bénéfique, mais peut au contraire nourir subtilement les tendances négatives. Il peut alors être utile d’utiliser la réflexion juste, appropriée (en terme de yonisomanasikāra) – comme une parenthèse dans l’observation pure et continue ou en dehors- afin de contrebalancer les habitudes mentales négatives, réduire ces états mentaux associés à l’attachement à l’idée d’un soi, à la réussite etc…On fera appel alors à des mots, des images qui évoquent et induisent le lâcher-prise, le détachement, l’acceptation des choses telles qu’elles sont, la patience, l’ouverture, la douceur, …tout ce qui peut aider à détendre l’esprit, l’assouplir, le rendre malléable. (Ce que l’on pense encore et encore devient une inclination naturelle de l’esprit, comme le dit le Bouddha.) Sayadaw u Vassetha avait ainsi conseillé à une méditante d’ajouter la phrase ‘ce n’est pas moi’, juste après l’observation d’un objet.

Les mots ont des connotations. Et pour les pratiquant que nous sommes, il est très intéressant de les utiliser afin de produire, nourrrir tel ou tel état mental positif. Si penser en termes de 'dépasser la douleur' est utile pour faire surgir le courage, l'énergie, la détermination, cela est habile. Si cela induit par contre l'idée qu'il faut faire quelque chose, et que l'égo subtilement s'infiltre et utilise cela pour être nourri davantage, c'est malhabile... Au fur et à mesure que la pratique progresse, nous connaissons mieux notre mental, ses habitudes et inclinations personnelles, et devenons plus habiles développer l'attitude juste.

L’effort devient alors juste, ainsi que l’attention, sati. Au fur et à mesure que la concentration s’approfondit et que la sagesse se développe, les méditants deviennent capables de percevoir ces états mentaux malhabiles, les observer au moment où ils se produisent. Par exemple, ils sont conscients du désir avide de penser, faire disparaître la douleur. L’observant, ils ‘ressentent’, voient que cet état mental de désir avide est comme une glue collante (on ne peut s’en détacher). Ils comprennent ainsi la nature ou caractéristique individuelle (sabhāva) de l’attachement, taṅhā. Ils voient que c’est un phénomène mental qui n’est pas permanent. Observé, il augmente, diminue. Il apparaît et disparaît (anicca) ; ils distinguent son caractère insatisfaisant (dukkha) et comprennent qu’ils n’ont aucun contrôle sur lui (anattā). Ils voient ainsi les caractéristiques communes à tous les phénomènes physiques et mentaux (sāmañña lakkhana). Et cette observation n'est possible qu'au moment où le vagabondage de l'esprit, les pensées analytiques se sont arrêtés.

Ainsi, encourager, stimuler l’esprit dans telle ou telle direction peut être utile à un certain moment, jusqu’au jour où il devient assez habile pour observer les phénomènes physiques et mentaux avec plus d'équanimité. Toutefois, de même qu’une plante trop arrosée peut mourir, une réflexion trop importante durant la pratique, est néfaste pour le développement de sati, samādhi et paññā, l’attention, la concentration et la sagesse.

Je me rappelle le cas d’une méditante qui avait observé lors d’une retraite, les sensations douloureuses dans le pied et la jambe, pendant 3 heures. Elle était très enthousiaste, car elle pouvait voir les sensations apparaître et disparaître rapidement. Ces dernières changeaient en nature, en intensité, se déplaçaient. L’esprit était très énergétique. Et après une heure, les sensations disparaissaient, mais réapparaissaient. De même après 2 et 3 heures. Après 3 heures de contemplation, comme elles n’avaient pas complètement disparu, elle décida d’arrêter l’assise. A la fin de l’entretien de méditation, le sayadaw enseignant lui demanda alors pourquoi elle avait observé si longtemps les douleurs. Elle répondit que «c’était pour surmonter, vaincre, dépasser la douleur ». Et sayadaw lui dit alors qu’il faut « observer la douleur afin de la connaître, la comprendre et non la dépasser, la surmonter. » Dans son cas, ce conseil lui fit très bénéfique.



La pratique de la méditation est très subtile. C’est la chose la plus difficile que l’on peut faire, et la plus noble.
En espérant que ce humble partage peut aider ceux qui sont sur le chemin.

Puissiez-vous tous être heureux et en paix.
Avec mettā
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
yokoshu



Inscrit le: 24 Sep 2011
Messages: 15

MessagePosté le: Dim 09 Oct, 2011 14:40    Sujet du message: Répondre en citant

Que de lumières vivantes du Dhamma!!

J'ai cherché pourquoi taire cette exclamation, mais je n'ai pas trouvé.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Ce forum est verrouillé; vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé; vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Forum Mettâ Index du Forum -> Bouddhisme Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum




Forum
phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com