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Qui moi ? Non toi...
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Axiste



Inscrit le: 21 Mar 2011
Messages: 85

MessagePosté le: Dim 03 Avr, 2011 23:55    Sujet du message: Qui moi ? Non toi... Répondre en citant

Je m'interroge sur l'absence du moi…(bon, pas le conventionnel, celui là je le laisse tranquille...)

Je suis constituée des autres, de tout ce qu'on m'a inculqué jusqu'alors…Si j'enlève tout ça, il ne me reste pas grand chose: oui, si j'enlève mes repères éducatifs, mes codes sociaux, et tout ce que j'ai appris des autres, il ne me reste pas grand chose, même pas une conscience des choses car alors elles sont indifférenciées, pas notables ni identifiables…Si l'expérience de l'autre ne m'était pas partagée, je ne pourrais pas me représenter ce moi: la réflexivité m'incite à cette représentation là ...
Une image pour tenter d'expliquer: je vois très bien ce mouvement comme un plan que l'on ne saurait lire avant d'apprendre à se mouvoir physiquement pour comprendre la représentation de l'espace par ce plan: donc pas de connaissances ou de conscience des choses avant de partager la conscience par l'expérience des choses ou des autres.
Comme un vide indifférencié.
En ce sens je suis les autres, tous ceux qui ont croisé mon chemin.

D'autre part, si j'enlève tous ce qui est éphémère et tellement variable: mes émotions, mes perceptions, mes sensations, etc…il ne reste qu'un espèce d'espace où se déroulent ces expériences toutes changeantes.

Il n'y a qu'une présence à l'instant mais qui n'est même pas moi. Je ne suis même pas cette présence, parce qu'il semble qu'elle ne m'appartienne pas: elle est là juste comme une connaissance qui éclaire.

Je comprends que la sensation du moi me limite, parce que quand je m'identifie à mes émotions par exemple, je suis comme figée dans une image d'un moi que je cristallise.
Je me tue quelque part.

J'ai cependant du mal à ne pas m'attacher à l'idée de mon corps je vous avoue…
J'ai un peu de mal à comprendre ce point là, même si je décompose les choses…
Je peux le voir comme le lieu d'une présence, comme une expérience reliée au monde et sentir l'interdépendance de ce corps avec tout le reste.. les consciences qui s'y déroulent (visuelles, auditives, etc…) je ne les maitrise pas: elles apparaissent sans que j'y sois pour quelque chose.
Elles ne sont donc pas moi non plus véritablement...

Voilà donc, un peu confus encore…

Laughing

Peut-être pourriez-vous m'éclairer davantage …sans me dire d'aller méditer davantage, ou alors dans ce cas me donner des clés pour guider mes pas…
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Adrien



Inscrit le: 31 Aoû 2008
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Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 7:39    Sujet du message: Répondre en citant

Voici comment je vois l'enseignement d'anatta :

1) Tout d'abord, c'est très difficile à accepter car cela va à l'encontre de nos impressions. Mais comme on a une certaine confiance en le Bouddha, on est prêt à se remettre en question et à imaginer que jusque là, on s'est trompé.

2) Une fois qu'on accepte de remettre nos opinions en question, on réfléchit au Soi. On remarque qu'on a toujours eu l'impression de "se connaître", mais que dès qu'on cherche à définir notre Soi (Le corps? L'esprit ? La personnalité ? etc.), on n'obtient pas satisfaction (Le corps change. Qu'est-ce que l'esprit ? La personnalité change. etc.). Alors on regarde ce à quoi on a accès, ce qu'on perçoit. Le Bouddha nous aide dans cette décomposition en nous disant que nous n'expérimentons rien d'autre que les cinq agrégats. À ce sujet, il faut d'abord bien comprendre à quoi chaque agrégat se rapporte (ce qui pourra être précisé ultérieurement si tu le désire), et ensuite remarquer qu'on n'arrive pas à percevoir quoi que ce soit en dehors de ces agrégats. Mais on remarque aussi qu'on ne peut pas trouver de "soi permanent" à partir de ces agrégats, car ils sont impermanents.

Je conseille vivement d'écouter et de réécouter ce dhamma talk de Charles Genoud qui donne des clés de réflexion à ce sujet :
http://www.vimalakirti.org/spip.php?article37

Cette réflexion théorique est un préliminaire et ne doit pas durer trop longtemps. Son but est juste de nous permettre d'accepter intellectuellement, au moins qu'il est possible qu'il n'y ait pas de soi permanent. Mais on n'est pas obligé de prendre position.

3) Une fois qu'on en a fini avec l'étape 2), alors on passe à la pratique. Anatta n'est plus une théorie ou un sujet de réflexion, mais c'est une stratégie qui nous permet d'observer le monde d'une nouvelle façon. Le Bouddha enseigne que l'attachement vient de la croyance en un soi, et en particulier de l'identification aux sensations. On avait pour habitude de penser "J'ai faim, j'ai froid, j'ai mal, j'ai du plaisir", mais en appliquant la stratégie d'anatta, on change de point de vue et on pense "il y a une sensation de faim, il y a une sensation de froid, il y a de la douleur, il y a une sensation agréable". L'important n'est pas de formuler des opinions justes, mais de changer notre attitude mentale vis-à-vis de ces expériences.

Quoi qu'il se produit en nous, quoi qu'on observe en nous, on le considère ainsi : "Cela n'est pas à moi, je ne suis pas cela, cela n'est pas mon Soi".

Pour soutenir cette attitude lorsqu'une forte impression contraire s'élève, on s'appuie sur ces réflexions :
- Ce qui est impermanent ne peut pas constituer un soi permanent
- À propos de la douleur : il faudrait être fou pour s'approprier ce qui est insatisfaisant et douloureux. Lorsque de la douleur apparaît, il est beaucoup plus intelligent de la laisser toute seule sans se l'approprier.
- À propos du plaisir : ce qui est impermanent (le plaisir est impermanent) ne peut pas nous satisfaire (définitivement), ce qui est insatisfaisant, on ne se l'approprie pas pour les mêmes raisons que vues ci-dessus. Si on se l'approprie, alors cet attachement nous mènera à la douleur et à la peine lorsque ce plaisir viendra à sa fin.
- Si ceci était mon soi, ou si mon soi possédait ceci, alors je pourrait totalement le contrôler. Or, bien qu'on ait une certaine influence sur notre corps, nos sensations, etc. on ne les contrôle pas. Ce qui est à nous, on le possède, on le maîtrise, on le contrôle. Si on ne contrôle pas ces choses, alors elles sont extérieures à nous.
ex : Je ne peux pas commander à mon corps de ne pas être malade. Je ne peux pas commander à ma sensation de faim de s'arrêter. Je ne peux pas commander à ma conscience auditive de s'arrêter. etc.

En parallèle de cette pratique, on abandonne toute réflexion au sujet de l'existence ou de la non existence du Soi. Anatta ne nous casse plus la tête, car ce n'est plus un sujet de réflexion, mais une méthode pour regarder le monde. À ce propos, pour montrer que le Bouddha rejetait toute réflexion et toute prise de tête à ce sujet, je citerai le Sabbasava Sutta (MN 2) dont on a parlé il y a peu :

Citation:
Comme il prend en considération des réalités qu'il ne devrait pas prendre en considération et qu'il ne prend pas en considération les réalités qu'il devrait prendre en considération, les contaminations non encore apparues apparaissent et les contaminations apparues augmentent. Ainsi prend-il à tort en considération les questions suivantes : “Ai-je existé dans le passé ? N'ai-je pas existé dans le passé ? Qu'étais-je dans le passé ? Comment étais-je dans le passé ? Par quelle succession d'étapes suis-je passé ? Existerai-je dans l'avenir ? N'existerai-je pas dans l'avenir ? Que serai-je dans l'avenir ? Comment serai-je dans l'avenir ? Par quelles étapes passerai-je dans l'avenir ?” Ou bien il s'interroge sur le présent : “Existè-je ? N'existè-je pas ?3 Que suis-je ? Comment suis-je ? D'où vient cet être ? Où va-t-il ?”

Ces considérations ineptes suscitent l'une des six croyances suivantes : croire fermement qu'on a un moi-autonome, croire fermement qu'on n'a pas de moi-autonome, croire fermement qu'on perçoit un moi-autonome au moyen d'un moi-autonome, croire fermement qu'on perçoit l'absence de moi-autonome au moyen d'un moi-autonome, croire fermement qu'on perçoit un moi-autonome au moyen de l'absence d'un moi-autonome,4 ou croire ce qui suit : “Ce moi-autonome qui est mien, qui parle et qui ressent, fait dans telle ou telle situation l'expérience de l'effet des bons et mauvais kammas ; ce moi-autonome qui est mien est éternel, stable, permanent et de nature immuable, il est semblable aux choses éternelles5 et restera ainsi”. Voilà ce qu'on appelle croyance, piège des croyances, danger des croyances, fausseté des croyances, incertitude des croyances, chaîne des croyances.

http://www.tipitaka.fr/sutta/majjhima/mn002.html


Dernière édition par Adrien le Lun 04 Avr, 2011 10:55; édité 1 fois
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Longchen



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 9:32    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
« (...) selon celle-ci [l’explication du Bouddha], l’existence de l’individu n’est qu’un flux (santati). « pour cet écoulement, il y a un passé, un présent et aussi, selon les circonstances, un futur. » Enfin l’individu (puggala) n’est qu’un nom, n’est qu’une désignation (pannatti), tout comme la « rivière ». » M. Wijayaratna

Ce petit passage m’avait plu, surtout par rapport à cette idée de flux, de façon un peu imagée je crois qu’on a tendance à se représenter le soi comme un noyau (comme le noyau d’un fruit par exemple).

Avec metta
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Axiste



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 10:27    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Adrien et Longchen pour vos réponses qui vont m'occuper un moment je crois bien.
Very Happy
Longchen je comprends l'idée du flux, d'un processus, mais je ne cerne pas trop l'image du noyau, pourrais tu préciser un peu ?
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Longchen



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 10:38    Sujet du message: Répondre en citant

Axiste a écrit:
(...) mais je ne cerne pas trop l'image du noyau, pourrais tu préciser un peu ?

Je voulais dire que l’on peut avoir tendance à se représenter le soi comme quelque chose de dur et de compact à la façon d’un noyau. Enfin ce n’est qu’une image et cette forme de représentation est aussi, selon le Dhamma, une vue fausse.

Avec metta
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Axiste



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 11:05    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Longchen pour cette précision...
Very Happy

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Adrien



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

La différence est que le flux d'une rivière est vu comme quelque chose de changeant : à différents moments, ce seront différentes particules d'eau qui constituent la rivière (celles qui étaient là avant sont partie dans la mer, celles qui n'étaient pas encore là ont été apportées par la source ou la pluie). Ainsi, la rivière n'est pas identique a elle-même puisque chacun de ses constituants (particules d'eau) ont changé. On comprend alors que le mot "rivière" est une convention pour désigner un flux changeant. Mais le flux n'est pas une chose... c'est un flux !
On ne peut pas dire "cette rivière est constituée de telle et telle particule d'eau", parce que plus tard, elle ne sera plus constituée de ces particules. Pourtant, conventionnellement, c'est toujours la même rivière.

De même, Axiste est une convention pour désigner un flux changeant. On ne peut pas dire "Axiste est constituée de telles et telles particules", car les cellules de son corps se régénèrent et ne sont plus les mêmes. Et si on enlève n'importe laquelle de ces cellule, on l'appellera toujours "Axiste". On ne peut pas non plus dire "Axiste est constituée de tel et tel trait de caractère", car la personnalité change. Axiste adolescente avait une autre personnalité et d'autres opinions. On ne peut pas non plus définir Axiste par les opinions en commun qui rassemblent Axiste enfant et Axiste adulte, car si ces opinions changent un jour, on ne dira pas "ce n'est plus Axiste". De toutes façons, Axiste bébé n'avait pas encore ces opinions. On ne peut pas non plus définir Axiste par ses sensations, ses perceptions ou ses consciences : mais là c'est évident, elles changent d'instant en instant.

À l'inverse, le noyau représente ce qui est permanent et qui ne change pas. Une fois qu'on a mangé le fruit, il reste le noyau, tel qu'il était avant que le fruit ne soit mangé. Ce que veut dire Longchen c'est que la plupart des gens, bien qu'ils acceptent que beaucoup de choses changent en nous (en particulier le corps et la personnalité), croient que quelque part se cache un noyau dur qui ne change pas : "Moi". On est persuadé qu'il y a un "Moi" caché au fond de nous, qui fait qu'on est la même personne qu'hier, et qu'on est la même personne que demain. Mais selon le Bouddha, ceci est une illusion, due à l'ignorance. Si on cherche à voir ce "Moi", à le palper, à le toucher, ou à le percevoir de quelque manière que ce soit, cela se traduira par un échec. Tout ce qu'on pourra observer seront les cinq agrégats : le corps (et il change), les sensations (et elles changent), les perceptions (et elles changent), les pensées (et elles changent), les consciences (et elles changent).
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Longchen



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Messages: 92

MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 12:36    Sujet du message: Répondre en citant

La croyance erronée à un Moi persistant crée des "résistances" alors même que ce sujet n’est pas inaccessible à la compréhension.
Ton explication est en tout cas très claire Adrien

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Axiste



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 14:07    Sujet du message: Répondre en citant

Oui merci, c'est très clair.
Merci pour l'image de la rivière...

Je me demande pourtant ce qui lie les mémoires entre elles: oui, comment se fait-il que je me souvienne des choses ? Quand je regarde en arrière, dans l'instant, je ne suis même plus sûre de la réalité des images du passé…c'est comme s'il ne restait plus qu'un regard au présent qui déroulait une conscience temporelle... Ces différents instants de conscience se poussent comme des vagues fluctuantes...C'est cette conscience temporelle aussi (en plus des résistances) qui nous construit l'épaisseur de ce moi, et ce n'est pas réel car à chaque moment je suis libre de modifier l'histoire...
Ce que je veux dire c'est que le regard que l'on porte sur les choses passées n'est jamais le même: il varie en fonction des instants et de notre compréhension du monde. Ainsi, le vécu que l'on a a cinq ans (ce qui s'imprime en nous alors) n'a plus aucun sens à vingt ans. Pourtant, c'est ce qui s'est imprimé à cinq ans qui à vingt ans conditionne tous nos agissements. En ce sens c'est un rêve total de vouloir fixer un moi. Il n'y a qu'un flux, pour ne pas dire une énergie, et celle ci est comme une étincelle dans l'instant...
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Adrien



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Je me demande pourtant ce qui lie les mémoires entre elles: oui, comment se fait-il que je me souvienne des choses ?

Là ça devient un peu compliqué pour moi... Je ne peux pas te répondre, mais peut être que Viriya aura une piste grâce à ses connaissances en abhidhamma.

Une image qui me vient (mais cela ne t'avancera pas pour ta question) :
Lorsqu'on reçoit un coup de couteau, cela laisse une cicatrice : le corps s'en souvient. De même, lorsqu'un évènement se produit, cela laisse une marque dans le mental. La cicatrice n'est pas la blessure et la marque n'est pas l'évènement, ce n'en sont que les signes et ils ne peuvent donc pas nous permettre d'avoir accès à la totalité de l'expérience passée.

Pour satisfaire ta curiosité, peut-être devrais-tu aussi regarder du côté des sciences modernes. Je suis sûr qu'on peut trouver assez facilement des documentaires sérieux sur le fonctionnement de la mémoire sur le net. J'en ai vu un il y a quelques temps, et je crois avoir compris que le conscient ne gardait que peu de choses en souvenir, et qu'on complétait beaucoup avec l'imagination, sans le savoir. C'est ce qui explique que les témoins d'une scène se contredisent lorsqu'ils relatent ce qu'ils ont vu, même s'ils sont de bonne foi.
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Axiste



Inscrit le: 21 Mar 2011
Messages: 85

MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 17:16    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Adrien pour ton aide et tes conseils précieux, tu m'as déjà bien éclairé tu sais…
Je comprends combien il est important de décortiquer les choses, je crois que je le faisais déjà- mais pas tout le temps- sans vraiment réaliser ou l'admettre…mais maintenant je vois vraiment que ça éclaire.

Anecdote…

Ce matin- faute de visibilité j'ai avancé quelques cm de trop l'avant de ma voiture sur la route-oh tout doucement pourtant- (j'étais à un stop et je ne voyais rien, à cause d'un camion garé là) et j'ai effrayé une dame, en voiture elle aussi, sur la route perpendiculaire. J'ai bien vu sa colère…mais elle n'a pas eu a m'éviter, elle a juste été surprise de me voir surgir là…

Bref, en une fraction de seconde je crois que j'ai tout déroulé la scène en totalité, ce qui m'a permis de lui adresser un geste d'excuse spontané: du coup, large sourire de l'agressée qui n'était plus agressé…Je me suis vue en train d'agir, c'était étrange…comme si les choses étaient au ralenti aussi...et bon, je me dis qu'il vaut mieux être consciente des instants qui se déroulent pour mieux conduire les choses.
C'est peut-être évident mais....je crois que je vais m'y atteler un peu mieux.


Pour la mémoire, oui, je vais chercher...
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Longchen



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Messages: 92

MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 17:49    Sujet du message: Répondre en citant

Cette question de la mémoire n’est pas facile du tout pour moi ; nous pouvons l’envisager comme étant un khamma de la naissance, liée au corps et à son fonctionnement et par conséquent soumise à la maladie et à la mort ; nous savons qu’avec le grand âge elle s’altère (même si ce n’est pas toujours le cas) ; il y a les maladies du cerveau comme alzheimer aussi.
Cependant y-a-t-il une mémoire qui perdure ? Mais la mémoire de qui dans ce cas puisqu’il n’y a pas de soi, pas de noyau dur (pour reprendre mon image de ce matin), et pourtant il y a renaissance sans acteur...
Prise de tête...

Avec metta
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tirru...



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Messages: 424

MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 20:03    Sujet du message: Répondre en citant

Extrait du livre de Sayadaw U Jotika "Snow in the summer" en cours de traduction :

Citation:
La meilleure chose que je puisse faire pour moi-même, c'est d'être attentif. Regardez votre esprit (votre vie) et voyez comment vous dépendez des autres et des livres. Regardez comme vous pouvez facilement vous ennuyer. Pouvez-vous vivre avec l'ennui sans faire quoi que ce soit d'autres, à part en être conscient ?

Ne rien faire, n'est à vrai dire, pas facile. Je crois que vous savez cela par votre propre expérience. Que ce passe t'il dans votre esprit lorsque vous ne faite rien ? Avez-vous attentivement observé cela ? L'ennui est insupportable. Alors nous essayons de trouver quelque chose à faire, à courir loin de l'ennui. Essayez seulement de ne rien faire pendant quelques jours.

Le non-agir n'est pas facile. Si vous essayez de faire du non-agir alors vous agissez. Si vous essayez d'accomplir quelque chose , alors vous faites. Et votre égo est fort. Si vous ne faites rien alors vous devenez insignifiant et vide.

Le non-agir est un état de l'esprit qui est libre d'égo. Agir sans réagir; sans personne pour le faire. Et parmi les choses les plus importantes, c'est de faire des actes sains sans rien attendre en retour.

Sayadaw U Jotika


Je traduirais la suite plus tard, si ça ne vous ennuie pas ...
Smile
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Adrien



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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 21:09    Sujet du message: Répondre en citant

Axiste a écrit:
Je comprends combien il est important de décortiquer les choses, je crois que je le faisais déjà- mais pas tout le temps- sans vraiment réaliser ou l'admettre…mais maintenant je vois vraiment que ça éclaire.

En fait, ce n'est pas tant décortiquer qu'il faut faire, mais arrêter de construire. Mais c'est difficile, parce qu'on est habitué à interpréter toutes nos expériences, tout ce qu'on vit d'une certaine façon. On a donc construit une vision du monde avec une vision du Soi qui se balade dedans. Et pour y voir plus clair, il faut bien entendu cesser cela. Décortiquer est une aide pour combattre l'habitude de construction. Mais une fois qu'on ne construit plus, alors la "décortication" est naturelle : on n'assemble plus les choses entre elles, et on perçoit chacune d'elles séparément des autres.

Comme le dit si bien le Bouddha :
Citation:
« Très bien Bahiya. Voici comment tu dois pratiquer :

Dans ce qui est vu, qu’il n’y ait que ce qui est vu

Dans ce qui est entendu, qu’il n’y ait que ce qui est entendu

Dans ce qui est ressenti, qu’il n’y ait que ce qui est ressenti

Dans ce qui est connu, qu’il n’y ait que ce qui est connu.

Voilà comment tu dois pratiquer. Quand, pour toi, il n’y aura que ce qui est vu dans ce qui est vu, que ce qui est entendu dans ce qui est entendu, que ce qui est ressenti dans ce qui est ressenti et que ce qui est connu dans ce qui est connu, alors, Bahiya, il n’y aura pas de toi dans ces termes. Quand il n’y a pas de toi dans ces termes, il n’y a pas de toi là-dedans. Quand il n’y a pas de toi là-dedans, tu n’es ni ici ni là-bas ni entre les deux. Cela, simplement cela, est la fin de la souffrance. »

Bahiya Sutta

Citation:
Je me suis vue en train d'agir, c'était étrange…comme si les choses étaient au ralenti aussi...et bon, je me dis qu'il vaut mieux être consciente des instants qui se déroulent pour mieux conduire les choses.
C'est peut-être évident mais....je crois que je vais m'y atteler un peu mieux.

Ça m'est déjà arrivé. Mais de façon similaire, encore plus étonnant, c'est lorsque je suis dans un état de grande fatigue. À ce moment là, j'ai l'impression de me déconnecter de mon corps et de l'observer agir. Il parle avec des gens tout seul, et parfois je me dis même "ouh la, moi je suis trop fatigué pour tenir une discussion comme ça". C'est vraiment bizarre comme impression...

Citation:
Cette question de la mémoire n’est pas facile du tout pour moi ; nous pouvons l’envisager comme étant un khamma de la naissance, liée au corps et à son fonctionnement et par conséquent soumise à la maladie et à la mort ; nous savons qu’avec le grand âge elle s’altère (même si ce n’est pas toujours le cas) ; il y a les maladies du cerveau comme alzheimer aussi.
Cependant y-a-t-il une mémoire qui perdure ?

Pour rappel, un kamma est une action. Plus précisément, c'est une action volitionnelle capable de porter des conséquences "morales" (le terme n'est pas idéal, car certains kammas n'ont rien à voir avec la morale telle qu'on l'entend au sens quotidien. ex : les jhanas sont de forts kammas...). Vipaka est le fruit d'une telle action.
Je pense qu'il y a une mémoire directement accessible, mais il y a un autre type de mémoire, qui lui est enfoui. Parfois, une partie de la mémoire enfouie se réactive. Par exemple, une odeur peut faire remonter un souvenir d'enfance complètement oublié. On entend aussi souvent les gens qui ont eu une EMI (Expérience de Mort Iminente) ou NDE (Near Death Experience) expliquer qu'il arrive un moment où ils sont capable de revoir (certains disent même "simultanément") tous leurs actes passés. Enfin, il est dit qu'il est possible de réactiver la mémoire de nos vies passées grâce à la méditation. Donc je pense qu'on peut dire qu'il y a un certain type de mémoire qui perdure, tout du moins si l'on souscrit à ces témoignages.

Citation:
Mais la mémoire de qui dans ce cas puisqu’il n’y a pas de soi, pas de noyau dur (pour reprendre mon image de ce matin), et pourtant il y a renaissance sans acteur...

Tu te souviens de ton enfance ? Si oui : c'est la mémoire de qui ???
Tu auras envie de me dire, "ben de moi : Lonchen !". Or, selon les enseignements du Bouddha, comme il a été expliqué plus haut, il n'y a rien de stable dans ce qu'on appelle "Longchen". Longchen bébé, Longchen enfant, Longchen adolescent et Longchen adulte sont des personnes différentes. Longchen d'hier et Longchen d'aujourd'hui sont aussi deux personnes différentes. Tout cela n'est qu'un flux, qu'on appelle Longchen, par convention.
Bien sûr, Longchen enfant et Longchen adulte sont assez différent, car il y a eu une rupture entre les deux. L'adolescence, la puberté, l'éducation : tout cela a changé Longchen. La différence entre Longchen d'aujourd'hui et Longchen de demain est plus subtile, moins évidente. Mais si demain tu vis un traumatisme, alors la différence entre Longchen d'aujourd'hui et Longchen de demain sera beaucoup plus visible : peut être qu'une partie de ta personnalité changera brusquement. De même, la mort est une nouvelle étape, comme la puberté, ou comme un traumatisme.

Du point de vue de la réalité ultime, tout cela n'est qu'une succession d'états physiques et psychiques différents les un des autres, mais reliés par une causalité. Et la mort n'est qu'un évènement perturbateur parmi d'autres.

Du point de vue conventionnel bouddhiste, on reconnaît la différence entre ce flux et les autres flux, et on lui donne un nom "Longchen". Après la mort, le flux continue : on a le droit de continuer à l'appeler Longchen si on veut. Si entre deux journées successives on l'appelle Longchen, alors il n'y a aucune raison de faire différemment sous prétexte qu'entre ces deux journées se sont produits une mort et une renaissance. Un bon exemple : pour désigner le Bouddha dans ses vies passées, on lui donnait un nom (ou plutôt un titre pour le désigner) : "le Bodhisatta". L'ensemble de ses vies passées en tant que Bodhisatta peut être vue comme "une grande vie", d'une seule personne (tant qu'on oublie pas la réalité du point de vue ultime).

Mais du point de vue profane (non bouddhiste), on ne parle même pas de flux. Alors on définit une personne par son corps-esprit durant une vie. Dès que quelqu'un naît, c'est une nouvelle personne, qu'on ne connecte à aucune personne du passé. Pour nous les bouddhistes, on comprend que cette façon de faire revient simplement à sectionner un flux en différentes parties : chaque partie est séparé par une naissance et une mort, et les profanes ne voient aucun lien entre ces différentes parties.
Quelqu'un qui a l'occasion de rencontrer à la fois Longchen dans cette vie et Longchen dans sa prochaine vie, verra ces deux personnes comme deux personnes totalement différentes, bien qu'il voyait Longchen comme une seule et même personne durant toute sa vie. Pour lui, ces deux personnes sont différentes car elles n'ont pas le même corps, elles ont été éduquées différemment, et ont des traits de personnalités différents. Si ces deux personnes ont des choses en commun, cela ne signifie rien pour lui, car même si Pierre et Jacques ont des points communs, cela ne veut pas dire qu'ils sont une seule et même personne !

En gros :
- point de vue ultime = pas de notion de "personne". Tout change d'instant en instant, chaque état conditionnant le suivant.
- point de vue conventionnel bouddhiste = ces ensembles d'états successifs sont désignés par un flux qu'on peut nommer, comme s'il était identique à lui-même (permanent). On dit alors que c'est la même personne (même flux) qui traverse les vies, mais lorsqu'on dit cela, on n'oublie pas le point de vue de la réalité ultime.
- point de vue conventionnel profane = une personne n'est définie que pendant une vie. Lorsqu'on nomme cette personne, ce nom devient périmé au moment de la mort. Si cette personne renaît, on lui donnera un nouveau nom, et on ne fera pas le lien entre cette nouvelle personne et l'ancienne.
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fifi



Inscrit le: 18 Mai 2010
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MessagePosté le: Lun 04 Avr, 2011 21:34    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
- point de vue conventionnel bouddhiste = ces ensembles d'états successifs sont désignés par un flux qu'on peut nommer, comme s'il était identique à lui-même (permanent). On dit alors que c'est la même personne (même flux) qui traverse les vies, mais lorsqu'on dit cela, on n'oublie pas le point de vue de la réalité ultime.


C'est la définition de la réincarnation mais pas de la renaissance du point de vue bouddhiste. C'est de l'hindouisme, non ? Rolling Eyes

Du coup, j'ai un doute avec ce que j'ai appris
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