Forum Mettâ Index du Forum Forum Mettâ
Bouddhisme originel
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Tout nous enseigne

 
Ce forum est verrouillé; vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé; vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Forum Mettâ Index du Forum -> Documentation
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
cgigi2
Invité





MessagePosté le: Ven 23 Fév, 2007 23:31    Sujet du message: Tout nous enseigne... Répondre en citant

Causerie donnée par Ajahn Thiradhammo à Cittaviveka, Octobre 2003.

Traduction Christian Ousset Avril 2005



Tout nous enseigne

De tous les enseignements que j'ai entendus d'Ajahn Chah, celui auquel je réfléchis le plus souvent est très simple. Je ne le comprends toujours pas vraiment, alors j'y réfléchis encore maintenant. Il a dit : "Tout nous enseigne". Plus tard j'y ai ajouté ma propre interprétation : "Tout nous enseigne si nous y sommes ouverts". Plus récemment j'ai dit : "Tout nous enseigne, que nous le sachions ou non". Pour moi cela veut dire que les enseignements nous viennent à différents niveaux, même si à notre niveau de perception habituel il ne nous semble pas que nous soyons vraiment en train d'apprendre. Parfois c'est un sentiment profond, parfois ce n'est qu'une vague intuition. Et c'est pourquoi j'ai dit que ma pratique a été comme d'essayer de trouver un équilibre, plutôt que de ne recevoir les enseignements qu'à un seul niveau, le cerveau, le cœur ou n'importe où. Il s'agit d'essayer de les recevoir à tous ces niveaux différents. Pour moi cela s'accorde bien avec les quatre fondements de l'attention, être attentif au corps, aux sentiments, aux états d'esprit et aux dhammas.

Parfois les enseignements arrivent au niveau corporel. Equilibrer la pratique ne veut pas seulement dire être conscient de marcher et de s'habiller, par exemple, comme il est dit dans les écritures, mais apprendre vraiment le langage intérieur du corps. Par exemple, pour comprendre la langue Thaï, j'ai besoin d'apprendre le Thaï. Apprendre le langage intérieur du corps demande un apprentissage différent. Il y a certains exercices dans les écritures qui nous aident à développer la conscience du corps. Mais ce que je veux souligner est un peu plus profond. Parfois il arrive des expériences, et je ne peux pas les comprendre ici ou ici (indiquant la tête et le cœur). Comprendre ce que dit le corps n'est pas simplement l'interprétation du corps que fait le cerveau. Il s'agit d'être ouvert pour accueillir le corps, à son propre niveau de réalité, à son propre niveau d'expression.

Pour moi, apprendre le langage du corps est comme apprendre une autre langue. Le corps parle une langue différente. Il ne parle pas "rationalité". Il ne parle pas "émotionnalité". On pourrait dire qu'il parle "physiqualité". Pour comprendre ce langage, on peut commencer en développant la conscience du corps ; s'accorder au niveau corporel. Nous écoutons le corps lui-même parler, sans essayer d'interpréter avec notre cerveau, mais en laissant simplement le corps parler par lui-même.

A d'autres moments, nous devons être conscient des sensations. "Sensation" est la traduction habituelle du mot pali, vedana. Dans l'enseignement bouddhiste, la sensation ou vedana c'est le ton de la sensation. Il n'a rien à voir avec l'émotion. Bien que cela paraisse simple, c'est parfois difficile à saisir. Je me souviens une fois en Angleterre je conduisais une retraite de méditation sur le thème de la sensation, vous savez : plaisant, déplaisant, neutre ; plaisant, déplaisant, neutre. Au bout de trois jour un homme vint vers moi et me dit : "J'ai une question : Qu'est ce que c'est, la sensation ?" Au bout de trois jours ! Je répondis : "plaisant, déplaisant, neutre". Si simple, et pourtant il ne saisissait pas.

Je me rends compte que c'est en partie un problème de traduction. Vous savez, les gens disent : "Comment vous sentez vous ? " Vous ne répondez pas : "Eh bien, plaisant, déplaisant ou neutre". Vous dites "Je me sens bien", ou bien "Je me sens en pleine forme", ou "Je me sens très mal", ou quelque chose d'autre. Vous répondez habituellement en termes d'émotions. Mais la sensation ou vedana c'est le ton fondamental de la sensation, le ton général de ces émotions, qu'elles soient plaisantes, déplaisantes ou neutres. Mettre cette grille de lecture en application donne une perspective différente. Quand on est déjà dans l'émotion, vous savez : "Je me sens bien", "Je me sens heureux , il y a déjà une certaine part de personnalisation, ma forme particulière de bonheur ou de tristesse, ou quoi que ce soit d'autre. Mais plaisant, déplaisant, neutre : à qui pourraient-elles appartenir ? Cette façon de voir rend l'expérience plus objective. Cela nous donne une manière différente de regarder les émotions, qui pour la plupart d'entre nous sont autrement très chargées individuellement. Parler en termes de plaisant, déplaisant ou neutre donne de l'objectivité. Il ne s'agit pas de nier notre bonheur, mais vous le voyez comme un sentiment agréable plutôt que "moi étant personnellement heureux", avec tout l'investissement personnel dans ce bonheur. Cela divise la réalité personnelle en catégories.

Quand Ajahn Chah expliquait le Dhamma, il donnait souvent des exemples tirés de la nature, sur les fourmis et les feuilles dans la forêt, et d'autres choses comme celles là. Bien que je sois né moi-même à la campagne, il ne me serait jamais venu à l'esprit de regarder les fourmis. Qu'est ce que ça a à voir avec le bouddhisme ? Les fourmis et les feuilles ? C'est à ce moment là que les paroles d'Ajahn Chah "toutes les choses nous apprennent" m'ont tellement aidé. Vous savez, la première fois que je l'ai entendu je pensai "Que veut-il dire par Toutes les choses nous enseignent ?" Il ne voulait certainement pas dire que toutes les paroles nous enseignent, mais bien dire toutes les choses.

Ajahn Chah avait l'habitude d'insister sur l'importance, par exemple, de faire confiance à notre propre sagesse intuitive. Eh bien sur, je n'avais aucune idée de ce que cela voulait dire. Car les enseignements de sagesse nous arrivent d'un maître, nous sommes des disciples du bouddha, alors qu'est ce que la sagesse a à faire avec moi ? Dans ma recherche de sagesse, j'ai souvent perçu un besoin de recevoir une confirmation, ou une affirmation de ce que je savais, ou pensais savoir. Au début je trouvais les réponses d'Ajahn Chah à ce besoin assez difficiles, mais je les ai beaucoup appréciées par la suite. Il était le maître pour ne jamais donner une réponse directe. Quand on venait le voir et essayait d'obtenir une réponse directe, il adoptait toujours une approche différente. Au début je pensais qu'il était un peu, comment dire, pas rusé… mais…. Peut-être ne savait-il pas…. Ou peut-être essayait-il de se moquer de nous, car il avait aussi le sens de l'humour.

Je réalisai plus tard qu'il essayait de nous renvoyer à nous mêmes, vers cela qui est en train de poser la question ou qui cherche une réponse. Si nous cherchions une réponse en dehors de nous, auprès de lui, il nous renvoyait toujours à nous. Alors finalement, si vous le suiviez assez longtemps, vous reveniez à vous-même. Il est fondamental pour la pratique du Dhamma d'être capable de remettre en question ses postulats de base. Nous commençons en posant des questions, mais il est sans doute plus important de trouver qui les pose. Souvent je finissais pas réaliser que mes questions venaient de mon ego. Quand je posais une question à Ajahn Chah, en fait je voulais qu'il me donne ma réponse, ou au moins une réponse qui me plaisait. Je voulais que mes vues soient confirmées. Je voulais que ses réponses me plaisent, qu'elles me rendent heureux et qu'elles me réconfortent, et affirment mon sens du moi.

Répondre comme il le faisait était sa manière de nous rediriger vers notre propre sagesse intuitive. Nous devions apprendre à soulever des questions et à les laisser flotter un moment, sans y chercher de réponse. Il me fallut un moment pour réaliser que dans les enseignements du Bouddha, la sagesse n'était pas simplement lire les écritures, mais se comprendre soi même, comprendre notre nature, le corps, les sensations, les états d'esprit, mentalement et physiquement, namma-rupa. Quand le Bouddha essayait de découvrir la Vérité, il s'assit et chercha en lui-même. Nous ne voyons jamais une statue du Bouddha représentant le Bouddha en train de lire, n'est ce pas ? Il méditait, et tout ce qu'il avait pour méditer c'était juste son propre corps et son propre esprit. Il n'avait même pas le corps et l'esprit de quelqu'un d'autre. Juste les siens. C'est là qu'il a trouvé l'éveil. Ce n'était pas dans un livre, ce n'était pas à l'extérieur de lui-même, il était juste là, dans son propre corps, son propre esprit.

Ayant passé tant d'années, quinze ans assis dans une salle de classe en regardant un tableau noir, avec un enseignant pour me dire la vérité, la vérité avait toujours été pour moi "là dehors". Il m'a fallu un moment pour tourner cette attitude dans l'autre sens. Je me souviens d'une fois en ThaÏlande, nous avions des étudiants qui visitaient le monastère. Ajahn Chah leur dit très simplement : "Laissez vos livres de coté, et lisez vos esprits". Cela semble simple, mais comment s'y prendre ? Nous avons tous appris à lire des livres depuis que nous sommes tout petits, mais on a appris à peu d'entre nous à lire nos esprits. Quel esprit Est-ce mon esprit qui me lit, peut-être ? Mais c'est cela l'objet de la méditation. Etre capable de lire son esprit, ou de lire l'esprit.

Alors, mes efforts pendant ces années ont consisté à approfondir ou à équilibrer mes idées sur la pratique. Cela veut dire les tester. Bien sûr, les tester veut dire que parfois nous échouons. C'est ça l'objet des tests. Parfois vous réussissez, parfois vous échouez. Je dois admettre qu'en trente ans -j'espère que cela va vous inspirer - en trente ans je réalise que j'ai appris quelques unes de mes leçons les plus importantes de mes échecs, pas de mes succès. Les succès sont secondaires ; ils vous donnent un coup de fouet temporaire, mais apprendre de ses erreurs ou de ses échecs, ça ce sont des leçons très très importantes. Bien sûr, qui a envie d'apprendre d'un échec ? Qui veut même reconnaître l'échec, qui menace tant notre sens du moi, notre orgueil et notre vanité. Mais pour moi, l'échec nous montre notre côté sombre. C'est là que nous ne regardons pas, que nous ne voyons pas. Pour moi, l'éveil ce n'est pas éclairer la lumière. La lumière est déjà éclairée. L'éveil c'est éclairer l'ombre, où nous ne regardons pas, où nous n'avons pas vu, ce que nous avons ignoré. C'est éclairer notre ignorance.

Cela peut sembler paradoxal, mais, je l'espère, pas décevant, de dire que nous apprenons plus de nos erreurs. C'est là que nous ne voulons pas regarder, notre orgueil et notre vanité, les fondements de notre sens du moi, tout devient visible dans nos échecs. Mais le succès peut être encore plus dangereux, à mon avis, car il entraîne plus d'orgueil et de vanité. Alors, mettre au jour et transformer le côté sombre, le côté perdant, c'est cela la pratique pour moi ; apprendre de toutes choses, spécialement les choses que nous ne voulons pas voir, particulièrement celles que nous estimons inutiles ou sans valeur. Cela m'a été confirmé pendant la retraite de cet hiver.

www.anussati.org/page_1167734854250.html - 89k

avec metta
gigi

Revenir en haut de page
viriya
Web


Inscrit le: 27 Juil 2006
Messages: 601
Localisation: idf

MessagePosté le: Jeu 01 Mar, 2007 19:29    Sujet du message: Répondre en citant

effectivement, ceux qui pratiquent Satipatthana suivant les indications du Bouddha dans le fameux (Maha) Satipatthana sutta , savent que "tout" nous enseigne.

comment ?

par l'observation des 4 fondations de Sati : corps, sensation, esprit, phénomènes physiques & mentaux.

je crois que cela englobe "tout".

et de quel enseignement allons nous en tirer ? ça il n'y a que celui qui a pratiqué pourrait le dire... Very Happy

mais juste pour la curiosité, il y a des indications données dans les différents textes, on peut les trouver dans "Dans Cette Vie même" du Vénérable U Pandita. sachant que l'importance est vous qui les découvrirez par vous mêmes Cool
_________________
avec metta
viriya
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
cgigi2
Invité





MessagePosté le: Jeu 01 Mar, 2007 23:37    Sujet du message: Répondre en citant

Merci viriya pour cet indication Smile


Il m'apparait d'une grande évidence que tout nous enseignent, il ne peut en être autrement, tout notre environnement, que ce soit la chambre, la cuisine, la ville, le pays, la planète, l'espace, partout oû nous nous trouvons, Cela est notre enseignement, c'est le Dhamma dans toute sa Puissance,
Mais pour le reconnaître, il est nécessaire de réaliser que tout ce qui nous entourent même la plus petite poussière est Pureté même, nous sommes le résutats extrèmement précis du khamma, nous créons notre environnement, et cet environnement devient notre plan de libération,
En approfondissant la vision de l'esprit, cela nous permet d'accepter tous ce qui se présentent devant nous même si parfois cela peut être désagréable,
Ici et Maintenant, avec un acte de Foi en soi-même dans le Dhamma nous découvrons exactement ce qu'il faut faire pour approfondir d'avantage sa source même, et cette source est limpide et pure, sans tache, sans tarre,
puisque tout est de cette source de vacuité (vide) alors il ne peut en être autrement, c'est la Pureté même en expression, Magnifique Grandiose, jusque dans ses atomes, ne rajoutons rien à sa Magnificence

avec metta
gigi


Revenir en haut de page
shikito



Inscrit le: 28 Fév 2007
Messages: 39
Localisation: Région Parisienne

MessagePosté le: Ven 02 Mar, 2007 12:42    Sujet du message: Re: Tout nous enseigne... Répondre en citant

cgigi2 a écrit:
Citation:
Il me fallut un moment pour réaliser que dans les enseignements du Bouddha, la sagesse n'était pas simplement lire les écritures, mais se comprendre soi même, comprendre notre nature, le corps, les sensations, les états d'esprit, mentalement et physiquement, namma-rupa.

Quand le Bouddha essayait de découvrir la Vérité, il s'assit et chercha en lui-même. Nous ne voyons jamais une statue du Bouddha représentant le Bouddha en train de lire, n'est ce pas ? Il méditait, et tout ce qu'il avait pour méditer c'était juste son propre corps et son propre esprit. Il n'avait même pas le corps et l'esprit de quelqu'un d'autre. Juste les siens. C'est là qu'il a trouvé l'éveil. Ce n'était pas dans un livre, ce n'était pas à l'extérieur de lui-même, il était juste là, dans son propre corps, son propre esprit.

http://www.anussati.org/page_1167734854250.html
avec metta
gigi

Magnifique texte.
Il y a beaucoup de sagesse sur ce site "anussati".
Ce serait bien qu'il soit référencé dans le nouveau portail theravada.
http://www.theravada.fr/

Comme dit Viriya, nous redécouvrons sans cesse la justesse de l'enseignement de Gotama.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Ce forum est verrouillé; vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé; vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Forum Mettâ Index du Forum -> Documentation Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum




Forum
phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com